Aucun programme ou projet nourrissent cette action. Il n’y a là ni système, ni aucune vision préalable, pas de méthode particulière attachée à cette production. Il s’agirait plutôt de se dérober à toute culture de projet, à l’idée de ville système, de monde pyramide, de masse obscène ou encore à la notion de programme : dans la filigrane de Paris Nu il n’y a aucune carte perforée, aucun algorithme ou intention informationnelle. Peut-être s’agit-il de traverser cette ville, si tant est que Paris puisse être soumise à une coupe. Déjà le mot ville, capitale, ou même le son Paris, induisent toutes sortes de préalables frelatés, d’images se prêtant à des visions artistiques opaques, à des sommités trop connues. Peut-être s’agit-il plutôt de mesurer ou de partir de l’étiage où se trouve Paris : ville épuisée par des pléthores, des trop pleins de riens, gras, saturés, qui font que l’idée d’un travail photo attaché au mot Paris, semble stupide. Ce lieu que tant de gens aiment, donnerait somme toute une imbécillité photographique, un non lieu. Partir en Paris, en laissant tout derrière soi, sauf sa peau, sauf le temps qu’il faudra et l’image qui se formera dans un ordre inconnu, par des prises de vues dans ce périmètre où Nu, exposé dans son plus simple appareil, déshabillé, défait, pourrait faire advenir un rien inattendu. Une image en devenir.
Paris Nu, douze cahiers photographiques numérotés de 1 à 12, sont produits par Ezra Nahmad et les Archives des temps impossibles.
