Le livre de photos d’Hervé Guibert The Only Face n’est pas un roman au sens traditionnel, mais il est rempli de personnages, de décors et de mystères. Cela commence par des corps — leurs visages soit éclipsés, soit hors cadre—avant de déchaîner une séquence de portraits braves : amis, amants, famille, Guibert lui-même. Alors que le livre approche de son acte final, ses sujets sont à nouveau obscurcis. Ensuite, ils disparaissent complètement, ne laissant derrière eux que les objets qu’ils ont touchés, jusqu’à ce que même ceux-ci disparaissent, ne laissant que la lumière.
La plupart des photographies de The Only Face ont été prises lors de voyages de Guibert — en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, aux États-Unis—mais leurs décors sont, à quelques exceptions près, de petits intérieurs privés. L’effet est une intériorité qui communique la profonde affinité de Guibert avec ses sujets. Dans ses livres précédents, beaucoup de ces mêmes personnes ne sont identifiées que par des initiales, mais ici il a choisi d’utiliser leurs prénoms, instillant davantage l’ensemble du projet avec une familiarité intime. Guibert décrit son appréhension initiale de rendre cette intimité publique, mais il s’est finalement rendu compte qu’en exposant publiquement ces “corps familiers, corps aimés, je ne fais qu’une seule chose — une chose énorme, je crois, en tout cas le but de tout mon travail, toute ma prétention créatrice—qui est ceci : témoigner de mon amour.”
Un livre avec des figures et des lieux, n’est-ce pas un roman ? Ses épisodes ont été déposés dans des livres précédents. Les personnages, qui n’étaient désignés que par des initiales, se présentent maintenant à visage découvert. Ils sont nommés, affectueusement, par leurs prénoms. Visages apparaissent et disparaissent, par le relais des ombres, pour ne plus laisser que les lieux par lesquels ils sont passés, les objets qu’ils ont touchés. Et quand les lieux mêmes s’évanouissent, et que les objets s’escamotent, il reste la lumière, ses simples manifestations, pleines de mystère, proches du réconfort le plus intense. À la fin le photographe a envie d’aller les chercher dans la nuit ; texte introductif d’Hervé Guibert, postface de Jordan Weitzman, 1ère édition en anglais, photos en n.b.
Hervé Guibert’s photobook The Only Face is not a novel in the traditional sense, but it is filled with characters, settings, and mystery. It starts with bodies — their faces either eclipsed or out of frame — before unleashing a bravura sequence of portraits: friends, lovers, family, Guibert himself. As the book approaches its final act, his subjects are again obscured. Then they disappear completely, leaving behind only the objects they touched, until even those vanish, leaving only light.
Most of the photographs in The Only Face were taken on Guibert’s travels — to Italy, Spain, Germany, Poland, Czechoslovakia, Hungary, the United States — but their settings are, with few exceptions, small private interiors. The effect is an inwardness that communicates Guibert’s deep affinity with his subjects. In his prior books, many of these same individuals are identified only by initials, but here he has elected to use their first names, further instilling the whole project with intimate familiarity. Guibert describes his initial apprehension about making this intimacy public, but he ultimately realized that by publicly exposing these “familiar bodies, beloved bodies, I am doing only one thing — an enormous thing, I believe, in any case the goal of all my work, all my creative pretension — which is this: to bear witness to my love.”