Ses images rendent hommage aux cérémonies et rituels propres à différentes communautés où ces traditions ancestrales servent de pont entre la réalité matérielle et une compréhension spirituelle plus large du monde. Son travail, d’une grande poésie, invite à la méditation et sonde les profondeurs de l’âme humaine confrontée aux mystères de la vie et de la mort.
« De plus en plus, je considère la photographie comme un fleuve dont on visite toujours simultanément les deux rives. Les histoires se trouvent sur la première rive – c’est celle des récits bien construits, réfléchis, intentionnels, qu’on présente sous forme de livres, d’expositions, dans des mises en page à voir. C’est la rive des anecdotes parlées, de la chimie des émotions, des travaux d’édition, des connaissances et des sentiments.
Et sur l’autre rive, il y a un entrepôt de négatifs photographiques et de planches contact. Il y a l’ensemble de la mémoire émotionnelle et factuelle. Un labyrinthe solide de toutes les possibilités et de tout ce qui n’a pas encore été raconté. Sur cette rive, l’histoire est ouverte, comme l’acte de parler, qui a ici la chance de devenir similaire à l’audition.
Sur la deuxième rive, la photographie n’est plus seulement une question d’amour et de sincérité – c’est aussi du temps. Ce lieu naturel ne ressemble plus à une histoire intentionnelle, mais plutôt à une possibilité. Peut-être même la possibilité la plus proche que je connaisse de visiter à la fois les événements réels du passé et les désirs et fantasmes du présent. Avec la possibilité de danser avec eux ».
Ici il n’y a pas de mots ou d’images qui restent immobiles.
Tous se réarrangent comme des objets sur une étagère.
Année après année, depuis la vie quotidienne jusqu’au temps long.
J’aimerais pouvoir imaginer des axes alternatifs.
Peut-être qu’ils restent immobiles, peut-être qu’ils suivent le courant de la rivière.
Peut-être les deux. Le temps prouve que cela n’a pas vraiment d’importance.
Mais je frissonne parfois en imaginant sortir de cette rivière,
Sentir la brise du matin
Sur les bouches et les visages immobiles.
Qui sait ce qui peut survivre sur le papier,
Au fil des remous et des inondations probables.
Peut-être doivent-ils partir pour être sauvés.
Le temps façonne l’espace, comme la croissance de la mémoire.
Laissons aux mots le temps d’apprendre à danser.
Un Tango qui se danserait comme une salsa,
Qui serait dansé comme une rumba,
Qui serait repris par ceux qui pourraient souhaiter
Mettre le feu à la Tour de Babel
Avec des sentiments qui valsent.
Piotr Zbierski, 2024.
