Bourdin Guy

Guy Bourdin, né le 2 décembre 1928 à Paris et mort le 29 mars 1991 à Paris, est un photographe français de mode et de publicité.

Guy Bourdin est formé à la photographie durant son service militaire, passé dans l’armée de l’air à Dakar, Sénégal (1948–1949)2.

En 1950, retourné à la vie civile, il expose des dessins et des peintures dans une galerie parisienne.

En 1951, Il rencontre le peintre et photographe Man Ray après plusieurs tentatives.

En 1952, il propose sa première exposition de photographies rue de Seine à Paris, le catalogue est préfacé par Man Ray.

En 1953, il expose à nouveau ses photographies de paysages sous le pseudonyme d’Edwin Allan, et en 1954, il expose à nouveau ses dessins.

1950 : Première exposition de dessins et peintures à la Galerie, Rue de la Bourgogne, Paris,
1952 : Galerie 29, catalogue avec la préface de Man Ray, Paris,
1953 : Exposition de photographies sous le pseudonyme de Edwin Hallan à la Galerie Huit, Paris,
1954 : Expositions de dessins à la Galerie de Beaune, 5 rue de Beaune, Paris,
1954 : Participe à C.S. Association UK – expositions itinérantes, en 1954-55 et 1955-57, toutes deux exposées à la Whitechapel Art Gallery, Londres,
1955 : Exposition de dessins à la Galerie des Amis des Arts, Paris,
1955 : Exposition de peintures à la Galerie Charpentier, Paris,
1956 : Exposition de dessins à la Galerie de Seine, Paris,
1957 : Exposition de peintures et dessins à la Peter Deitsch Gallery, New York,

Collaborations : magazines de mode :

Il est encouragé en début de carrière par Michel de Brunhoff, rédacteur en chef de Vogue France, mais ses premières photos de mode sont publiées dans le numéro de février 1955 de Vogue France, alors dirigé par Edmonde Charles-Roux2. « Il avait l’air d’un écolier » raconte Charles-Roux, frappée par les images qu’il lui avait présenté : « C’était des hommes et des femmes nus, montrant seulement leur dos ou leur postérieur à la caméra, assis. […] Le sujet choisi était loin de ce qui aurait pu nous intéresser à Vogue », mais la qualité du travail était « exceptionnelle »1. Sa première série de mode est un sujet sur les chapeaux, la première image présentait un chapeau Balenciaga avec un petit voile, Charles-Roux se souvient : « Sous la voilette, sur le visage du modèle, il y avait une mouche. Ou une abeille, je crois. Elle était morte mais avait l’air bien vivante1. » Dans un extrait de l’émission radiophonique Un certain regard (1967), Bourdin commente ainsi le choix de cet « accessoire » : « La beauté attire les mouches comme une charogne4. » D’autres images sont prises dans une boucherie, le modèle et son chapeau posant devant des têtes de veaux avec la langue pendante5. Bourdin travaillera pour le magazine jusqu’en 1987. Il entame sa collaboration avec Vogue Italia en 1972 et avec le Vogue britannique en 1974.

En 1957, il réalise sa première série pour Harper’s Bazaar et ses images sont publiées dans le magazine Photo, qui vient de voir le jour. C’est pour l’édition italienne du magazine qu’il réalise sa dernière série de mode en 1991.

En réalisant des photographies destinées à être publiées, le photographe s’adapte aux contraintes d’édition sans renoncer à la perfection de l’image qu’il offre aux lecteurs6.

1955-1987 : contrat avec l’édition française du magazine Vogue
1957 : Première série de mode pour Harper’s Bazaar et Photo
1972 : Première série de mode pour Vogue Italia
1974 : Première série de mode pour Vogue britannique
1977 : Première série de mode pour Vogue Hommes et 20 Ans
1981 : Première série de mode pour Linea Italiana
1987 : Première série de mode pour The Best

Mode et publicité :

Ses campagnes publicitaires pour Charles Jourdan, de 1967 à 1981, l’ont fait connaître du grand-public.

1957 : Première campagne de publicité pour les chaussures Charles Jourdan
1970 : Campagne publicitaire pour le maquillage des parfums Christian Dior7
1973 : Campagne publicitaire pour l’Agence Mafia, Paris
1975 : Campagne publicitaire pour Issey Miyake
1976 : Catalogue de Lingerie Sighs et Whispers pour Bloomingdale’s, New York
1976 : Campagnes publicitaires pour Baila, Gianfranco Ferré, Complice & Callaghan, Gianni Versace et Loewe
1978 : Campagne publicitaire pour Claude Montana
1978 : Calendrier pour Issey Miyake et Yashica
1980 : Calendrier pour Pentax
1981 : Dernière campagne publicitaire pour Charles Jourdan
1982 : Campagne publicitaire pour Gianfranco Ferré, Lancetti et Rolet Pierre
1985 : Campagne publicitaire pour Emanuel Ungaro
1987 : Campagne publicitaire pour Révillon et Chanel

Expositions :

1957 : Exposition collective Vogue, International Photography Biennale, Venise
1961 : Salon international du portrait photographique
1969 : Exposition collective L’insolite et la mode à la Galerie Delpire, Paris
1977 : Exposition itinérante The History of Fashion Photography : International Museum of Photography, George Eastman House, Rochester, New York ; San Francisco Museum of Modern Art
1978 : Participe au salon Photokina 78, Cologne
1981 : Exposition collective aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles
1982 : Exposition collective Color as Form à l’International Museum of Photography, New York
1986 : Participe au salon Photokina 86, Cologne
1988 : Participe à la Triennale internationale de la photographie, Paris

Collections muséales :

Tate, London, Royaume-Uni (27 œuvres acquises en 2014)
Victoria and Albert Museum, London
International_Center_of_Photography, New York City
Victoria and Albert Museum, Londres, Royaume-Uni
Museum of Modern Art, New York, États-Unis
Getty Museum, Los Angeles, États-Unis
Musée d’art moderne de San Francisco, San Francisco, États-Unis
The Museum of Fine Art, Houston, Texas, États-Unis

Style :

Son œuvre se caractérise par des images troublantes, souvent provocatrices et pourtant mystérieuses, qui ont instauré un changement radical dans la manière d’aborder les séries de mode et les campagnes publicitaires. Nicolle Meyer, mannequin et muse du photographe de 1977 à 1980, qualifie l’univers du photographe de « surréaliste, théâtral et désinhibé ».

Les modèles sont souvent malmenés, posant dans des positions provocantes et inconfortables dans des décors claustro-phobiques. Le sexe et la violence sont au cœur de son œuvre. D’après Francine Crescent, ancienne rédactrice en chef de Vogue :

« Le travail de Guy Bourdin traite de la vie. Il savait avant tout le monde que le sexe et la violence allaient devenir les facteurs les plus importants de notre société. Mais je ne pense pas que ce qui l’intéressait, ce qu’il voulait décrire, c’était la vie. »

La force des photographies de Guy Bourdin ne repose pas uniquement sur l’univers qu’elle met en scène mais aussi sur la maîtrise des outils techniques dont il disposait et qu’il poussait au-delà de leurs limites par son obstination à parvenir au résultat souhaité. Ses images, très « léchées », sont éclairées crûment et les couleurs sont très saturées. Ses photographies racontent une histoire et troublent le spectateur :

« Le goût du cadrage, la saturation des couleurs, avec un rouge omniprésent et l’utilisation des mannequins renvoient au septième art. Le mystère qui en découle rappelle les films de David Lynch, esthétiquement proches de la perfection, jamais limpides sur le fond. »

Postérité :

Trois ans après la disparition du photographe, le journaliste de The New Yorker faisait un constat suivant sur la « notoriété » du photographe au début des années 1990 :

« Il était le plus innovant des voyeurs. Puis son style s’est démodé et il est tombé dans l’oubli. À présent, un retour en grâce parfaitement Bourdinesque est en route. »

Force est de constater que cette route fut longue et semée d’embuches, pour les héritiers du photographe. Ce n’est que dix ans plus tard que les rétrospectives des œuvres du photographe ont fait le tour du monde. Le documentaire consacré au photographe et réalisé par l’assistant de Guy Bourdin, Sean Brandt retrace aussi ce parcours de combattant du fils de l’artiste.

L’héritage de Guy Bourdin — 6 000 photographies et 12 heures de rushes de films privés réalisés par Bourdin — est géré par The Guy Bourdin Estate qui a confié la représentation exclusive du photographe à la galerie : Louise Alexander Gallery.

Influences, réappropriations :

Dès son vivant, l’œuvre de Guy Bourdin a exercé une influence notable sur de nombreux photographes et artistes. Parmi les photographes dont il a influencé le style, sont cités : Juergen Teller, Terry Richardson. Mert Alas and Marcus Piggott, Jean Baptiste Mondino, Nick Knight et David LaChapelle reconnaissent être des admirateurs de ses clichés. Pour les besoins du documentaire When the Sky Falls: The Myth of Guy Bourdin, Sean Brandt a recueilli les témoignages d’artistes contemporains et de pairs de Bourdin, tels que Annie Leibovitz, Oliviero Toscani, Araki, Jean Paul Goude, Sarah Moon, Nan Goldin, Paolo Roversi, Steve Hiett, Ellen von Unwerth, David Bailey, Terry Richardson, Nick Knight, Albert Watson et Grace Coddington. Comme eux, des cinéastes témoignent de l’influence de Bourdin sur leur travail, comme Lord David Puttnam, Jim Jarmusch, Chris Doyle et Agnès Varda, mais aussi des stylistes tels que Karl Lagerfeld, Tom Ford, Sonia Rykiel, Emmanuel Ungaro, Marc Jacobs et Alber Elbaz.

Son œuvre ne cesse d’inspirer, voire de faire l’objet de « réappropriations inappropriées ». Ainsi, le clip vidéo de la chanson Hollywood de Madonna (2003), réalisé par Jean-Baptiste Mondino, par exemple, est directement inspiré du travail de Bourdin, voire copié, au point que le fils de celui-ci, Samuel Bourdin, a porté l’affaire en justice.

Coïncidence de calendrier peut-être, la « résurrection » des clichés du photographe dans le clip de la star américaine correspond à sa première rétrospective posthume au prestigieux Victoria & Albert Museum à Londres. La chanteuse a visité cette rétrospective une semaine avant le début du vidéo-clip dans lequel, d’après le plaignant, au moins 11 photographies de Guy Bourdin, ont été réutilisées. La même année voit la première publication d’une sélection de ses images, réunies dans un album (Exibit A : Guy Bourdin).

Grâce au travail de promotion de son œuvre réalisé après sa disparition par des galeries, musées et maisons d’édition, son impact artistique s’étend au-delà de l’Occident et fait objet d’un intérêt grandissant. -Biographie extraite de Wikipedia