Lindbergh Peter

Peter Lindbergh, pseudonyme de Peter Brodbeck, né le 23 novembre 1944 à Lissa (Reich allemand) et mort le 3 septembre 2019 à Paris (France), est un photographe de mode, portraitiste et réalisateur allemand.

Peter Lindbergh crée une nouvelle forme de réalisme en redéfinissant les canons de la beauté grâce à des images intemporelles marquées par l’influence de photographes documentaires, de photographes ambulants et de photojournalistes comme Dorothea Lange, Henri Cartier-Bresson et Garry Winogrand, même si ses maîtres restent André Kertész, Richard Avedon ou Irving Penn4. Son approche humaniste et son idéalisation de la femme le distinguent des autres photographes : Peter Lindbergh s’intéresse avant tout à l’âme et à la personnalité de ses sujets. Convaincu que l’intérêt d’un sujet réside ailleurs que dans son âge, il bouscule les normes de la photographie de mode à une époque où l’on a l’habitude d’exagérément retoucher les images. En 2014, Peter Lindbergh explique en entrevue que « la responsabilité des photographes, aujourd’hui, doit être de libérer les femmes et, en somme, tout le monde, de la hantise de la jeunesse et de la perfection».

Peter Lindbergh photographie ses sujets dans un état pur, « en toute honnêteté », loin de tous les stéréotypes, puisque l’artiste préfère un visage laissé à nu, presque sans maquillage, sans coiffure trop travaillée3, de manière à faire ressortir l’authenticité et la beauté naturelle des femmes devant son objectif, « quelque chose de flou qui se nomme l’émotion ». Il propose une nouvelle interprétation de la femme dans l’ère post-années 1980. Comme l’écrit la journaliste britannique Suzy Menkes : « Le refus de la perfection bien lisse est la marque distinctive de Peter Lindbergh : ses images plongent dans l’âme sans fard de ses sujets, peu importe leur familiarité ou leur célébrité. »

En 1988, la série de Peter Lindbergh montrant des mannequins qu’il vient de découvrir, toutes vêtues de chemises blanches, a un immense succès international et lance la carrière de cette nouvelle génération de top-modèles. L’année suivante, il photographie Linda Evangelista, Naomi Campbell, Tatjana Patitz, Cindy Crawford et Christy Turlington pour la couverture de l’édition de janvier 1990 du Vogue britannique, qui passera à l’histoire ; c’est la première fois que ces futures icônes de la mode sont réunies sur une photo. Lindbergh est ainsi à l’origine de ce que l’on appelle l’ère des « supermodels »; s’inspirant de cette fameuse couverture, George Michael demande aux mannequins immortalisées par Lindbergh de jouer dans le vidéoclip de sa chanson Freedom! ’90. D’autres séries marqueront plus particulièrement sa carrière, telle Kate Moss en salopette pour Harper’s Bazaar en 1994.

Dans une entrevue avec l’historienne de l’art Charlotte Cotton réalisée en 2008, Peter Lindbergh explique : « Il était très important de recourir à la photographie en noir et blanc pour créer le supermodel. Chaque fois que j’essayais de photographier ces sujets en couleurs, le résultat avait l’air d’une mauvaise publicité de produits cosmétiques, parce que la beauté de ces femmes frôlait la perfection. Avec le noir et blanc, on peut vraiment voir qui elles sont. J’ai estompé l’effet commercial que la couleur donne. Ce qui est frappant avec le noir et blanc, c’est à quel point cette technique aide vraiment à communiquer une impression de réalité. »

Il se voit confier deux éditions du calendrier Pirelli, celles de 1996 et de 2002. Cette dernière met pour la première fois en vedette des actrices et non des mannequins ; la séance de photos a lieu aux studios Universal. La critique d’art australienne Germaine Greer décrit l’édition 2002 du calendrier Pirelli comme étant « la plus déstabilisante à ce jour ». Pour la première fois en cinquante ans d’histoire, le calendrier Pirelli invite Peter Lindbergh à photographier l’édition 2017, devenant ainsi le seul photographe à avoir photographié trois éditions du prestigieux calendrier. Pour celui-ci, il réalise 27 000 photographies dans divers endroits du monde.

EXPOSITIONS:
L’œuvre de Peter Lindbergh fait partie de la collection permanente de nombreux musées de beaux-arts de grand renom, comme le Victoria & Albert Museum (Londres), le Metropolitan Museum of Art (New York), la National Gallery of Victoria (Melbourne), le musée des beaux‑arts Pouchkine (Moscou), la Fondation Vincent van Gogh Arles (France) ainsi que le Fonds national d’art contemporain (France).

Les images de Peter Lindbergh sont exposées dans de nombreux endroits dans le monde. Certaines de ses photos ont été présentées dans le cadre de l’exposition Shots of Style au Victoria & Albert Museum, à Londres, en 1985. L’année suivante, le Centre Georges-Pompidou, à Paris, tient une exposition individuelle des photographies réalisées par Lindbergh pour la marque japonaise Comme des Garçons de Rei Kawakubo. La styliste japonaise note, à propos du travail de Lindbergh : « La force des œuvres de Peter Lindbergh vient du caractère profondément humain de ses photographies. On n’y remarque pas seulement les mannequins et les vêtements, mais la force des sujets eux-mêmes. »

La série Smoking Women de Lindbergh, d’abord exposée à la galerie Gilbert Brownstone, à Paris, en 1992, est ensuite présentée à la galerie Bunkamura à Tokyo en 1994, puis au Schirn Kunsthalle à Francfort en 1996. La même année, vu l’engouement suscité par l’exposition de 1994, le musée d’art Bunkamura propose une rétrospective de l’œuvre de Lindbergh, laquelle fracasse les records d’affluence précédemment atteints lors des rétrospectives de l’œuvre de Jacques Henri Lartigue et de Leni Riefenstahl organisées par le musée.

En 1997 à Berlin, le Hamburger Bahnhof inaugure l’exposition Peter Lindbergh: Images of Women qui est ensuite présentée à Hambourg, à Milan, à Rome et à Vienne en 1998, lors du Festival international de la photographie au Japon, en 1999 et en 2000. Irina Antonova fait venir Images of Women au musée des beaux‑arts Pouchkine à Moscou en 2002, ce qui fait de Lindbergh le premier photographe à avoir fait l’objet d’une exposition dans le prestigieux établissement russe.

Le Metropolitan Museum of Art présente l’exposition The Model as Muse en 2009. En 2010, l’exposition de Lindbergh intitulée On Street, tenue au C/O Berlin, attire 90 000 visiteurs.

En avril et mai 2011, à l’initiative de Jérôme Sans, le Ullens Center for Contemporary Art, à Beijing, en Chine, expose l’immense installation de Lindbergh intitulée The Unknown. Plus de 70 000 visiteurs viennent voir l’œuvre.

Du 7 avril au 10 mai 2014, le pavillon Meštrović de l’HDLU, à Zagreb, expose The Unknown et Images of Women. Il s’agit de l’exposition d’art contemporain la plus populaire des 10 dernières années en Croatie et dans les pays voisins, selon le conservateur du musée.

Du 30 juin au 12 octobre 2015, le musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid, présente les natures mortes et les portraits de Lindbergh aux côtés des œuvres d’Irving Penn, de Horst P. Horst et d’Erwin Blumenfeld dans le cadre de l’exposition Vogue Like a Painting.

Peter Lindbergh est représenté par la Gagosian Gallery. Durant le dernier semestre 2014 a lieu la première exposition individuelle de Lindbergh à la Gagosian Gallery à Paris. En février 2016, la Gagosian Gallery d’Athènes lui consacre une seconde exposition.

En septembre 2016, le Kunsthal de Rotterdam inaugure l’exposition A Different Vision On Fashion Photography, qui voyagera ensuite à la Kunsthalle de Munich (sous le titre From Fashion To Reality) puis à la Reggia di Venaria de Turin en Italie. Depuis son lancement, cette exposition itinérante a été visitée par plus de 420 000 personnes. -Extrait de la fiche Wikipedia consacrée à Peter Lindbergh