Ronis Willy

Willy Ronis, né le 14 août 1910 à Paris et mort le 11 septembre 2009 dans la même ville, est un photographe français, lauréat du Grand Prix national de la photographie en 1979 et du prix Nadar en 1981.

Il est l’un des représentants les plus importants de la photographie humaniste française avec Édouard Boubat, Jean-Philippe Charbonnier, Robert Doisneau, Izis et Sabine Weiss.

Il définit l’école humaniste comme « le regard du photographe qui aime l’être humain »

Willy Ronis est le fils de Marcus Ronis, un émigré juif d’Odessa en Ukraine, originaire de Russie, qui arrive à Paris en 1904, et de Tauba Gluckman, une pianiste juive lituanienne, qui s’installe à Paris en 1899, fuyant les pogroms de l’Empire russe.

Un fonctionnaire de l’immigration commet une erreur et baptise les Ronis « Roness », et c’est sous ce nom que Marcus Ronis ouvre son studio après un emploi de retoucheur en photographie dans un studio réputé, « pour effacer les rides des dames ».

Pour ses 15 ans, son père lui offre un appareil photographique ; Willy Ronis veut cependant devenir compositeur de musique. Cela ne l’empêchera pas de parcourir les rues de Paris et de s’essayer à la photographie.

Willy Ronis signera ses premiers travaux sous le patronyme de « Roness ». Ce n’est qu’en 1945 que la famille Ronis retrouve son véritable patronyme.

Willy Ronis découvre la Société française de photographie qui lui ouvre les yeux sur une pratique différente de la photographie que celle exercée par son père dans son studio : une pratique qui met en avant des images vivantes et anti-conventionnelles.

Mais lors de son retour du service militaire en 1932, son père, très malade, lui demande de l’aider au studio. Ainsi, Willy Ronis fait-il lui-même les tirages de ses photos. Il est peu intéressé par la photographie conventionnelle, mais se passionne pour les expositions de photographies. Alors que la gauche se mobilise amenant l’avènement du Front populaire aux législatives de 1936, le jeune photographe suit les manifestations ouvrières d’alors et prend ses premiers clichés marquants qui seront publiés par la revue Regards.

L’année 1935 sera ainsi décisive pour lui puisqu’elle marquera la mort de son père (des suites d’un cancer, après une agonie de quatre ans) et la vente d’un studio qui périclitait et qui est vécu par Willy Ronis comme un fardeau.

Période parisienne

À partir de cette date, Willy Ronis se consacre au reportage. Ses premiers reportages seront des commandes de la SNCF ou du Commissariat au Tourisme. Avec la montée du Front populaire, les mêmes idéaux rapprochent Ronis de Robert Capa et de David Seymour, photographes déjà célèbres. Il a également l’occasion de connaître André Kertész, Brassaï et Henri Cartier-Bresson. Mais, par rapport à la vision de ses pairs, Willy Ronis développe une véritable originalité, marquée par l’attention portée à l’harmonie chorale des mouvements de foule et à la joie des fêtes populaires.

En 1937, il achète son premier Rolleiflex avec lequel il effectue un reportage qui sera publié dans Plaisir de France.

En 1938, il immortalise Rose Zehner, déléguée syndicale aux usines Citroën du quai de Javel haranguant ses collègues ouvrières. La photo est tirée d’un reportage, commande du magazine Regards.

À l’arrivée au pouvoir du régime vichyste, Willy Ronis est catégorisé comme Juif : sa carte d’identité est tamponnée de la mention « Juif ». Alors que sa mère, catégorisée comme Juive elle aussi, décide de rester à Paris, Willy Ronis, qui ne veut pas porter l’étoile jaune, passe la ligne de démarcation en 1941 et part vivre dans le sud de la France : Nice, Cannes puis le Vaucluse. Il vit la période de la Seconde Guerre mondiale comme une parenthèse : très peu de photographies des persécutions subies par les juifs et pas de témoignages de la période d’épuration : Willy Ronis veut préserver sa foi en l’homme. Ayant mis la photographie de côté, il exerce divers métiers comme décorateur de studio, régisseur de théâtre et deviendra même l’assistant du photographe de plateau Sam Lévin.

En 1946, il entre à l’Agence Rapho et rejoint les grands noms de la photographie de l’époque que sont les Brassaï, Doisneau, Ergy Landau. En 1945, il fait un reportage pour la SNCF sur le retour des prisonniers. Il collabore alors aux revues Point de vue, Regards, L’Écran français, Le Monde illustré, Time ou Life. Il sera d’ailleurs le premier photographe français à travailler pour Life.
Il sillonne alors l’Europe : la Belgique (1951), les Pays-Bas (1952 et 1954) donnera un reportage pour les lectrices du magazine Nouveau Femina, Londres (1955), l’Italie (1959) et enfin la RDA (1967).
Il travaille également pour l’industrie (Air France), la publicité ou la mode (Vogue).

Dans les années 1950, Willy Ronis milite, au sein du Groupe des XV, pour que la photographie soit reconnue comme discipline artistique.

Sa période à l’agence Rapho sera contrariée par sa volonté d’indépendance : il refuse plusieurs contrats qui ne lui conviennent pas et quitte l’agence en 1955 pour la rejoindre de nouveau en 1972.

En 1967, l’Association d’échanges franco-allemands lui passe une commande. Il se rend pour cela en Allemagne de l’Est et y photographie les villes, la campagne, les sites industriels, les gens, les Allemands. Cette commande fera l’objet d’une exposition itinérante qui sera présentée, jusqu’en 1974, dans 70 sites en France.

Belleville-Ménilmontant, Sur le fil du hasard et Mon Paris sont parmi les livres importants qu’il a publiés.
On a alors pu dire que Willy Ronis, avec Robert Doisneau et Édouard Boubat, est l’un des photographes majeurs de cette école française de l’après-guerre qui a su concilier avec talent les valeurs humanistes et les exigences esthétiques du réalisme poétique. Contrairement à Robert Doisneau, il travaille ses clichés sur l’instant : en une ou deux prises de vue, sans mise en scène, laissant une place importante au hasard.

Il travaille beaucoup avec Life qui lui passe régulièrement commande pour ses reportages, deux clichés de cette époque donneront à Willy Ronis le respect de ses pairs mais seront aussi à l’origine de l’arrêt de sa collaboration avec le magazine américain. Il éprouve avec Life comme avec l’agence Rapho le déplaisir de voir son travail retouché afin de lui donner un autre sens que celui voulu originellement.
Ainsi, le portrait du mineur silicosé de 1951, devient dans les colonnes de Life « L’évangélisation du monde ouvrier est-elle possible ? ».
Plus tard, un cliché représentant des ouvriers en grève écoutant leur délégué syndical, verra le délégué syndical escamoté. Willy Ronis tentera de résister, mais Life ne lui passera plus de commande.
En 1972, déçu, il arrête le photojournalisme et quitte Paris pour le Midi de la France : sa volonté d’exercer un droit de regard sur l’utilisation qui est faite de ses clichés lui vaut une traversée du désert d’une dizaine d’années.

Période vauclusienne

Dans les années 1970-1980, parallèlement à ses activités de photographe, il consacre beaucoup de temps à l’enseignement : à l’École supérieure d’art d’Avignon, puis aux facultés d’Aix-en-Provence et de Marseille.

En 1980, sur les conseils de Pierre-Jean Amar et Guy Le Querrec, Claude Nori publie sa première monographie Sur le fil du hasard aux Éditions Contrejour, lequel recevra le prix Nadar et l’encouragera à revenir sur le devant de la scène avec de nouveaux projets.

Retraite

Bien qu’ayant publié de nombreux ouvrages et fait de nombreuses expositions, les années 1970 et 1980 sont difficiles financièrement pour Willy Ronis. Il prend alors une importante décision et, en 1982, contre le paiement jusqu’à la fin de sa vie du loyer de son logement, il fait un premier legs à la France. En 1983, il s’installe de nouveau à Paris.

En 2001, il décide d’arrêter la photographie à titre professionnel.

En 2002, Willy Ronis, frappé par l’arthrite, cesse de prendre des photographies. Son dernier cliché est un nu qui figure dans le livre Nues sorti en 2008.

En 2009, dans une interview au Figaro donnée à l’occasion des 40e Rencontres d’Arles, il avoue ne pas comprendre le monde de la photographie actuelle : trop d’exhibitionnisme.

Il souhaite organiser une exposition en 2010, pour son 100e anniversaire. La mort de l’artiste empêchera le projet de voir le jour.
Cependant celui-ci sera repris par le musée de la monnaie de Paris. -Extrait de la biographie de Wikipedia