Sluban Klavdij

Né à Paris le 3 mars 1963, il passe son enfance, jusqu’à l’âge de sept ans et demi, dans le village de Livold en Slovénie.

En France, il poursuit des études secondaires et supérieures. Il dispose d’une bourse de l’Agrégation qu’il utilisera pour un voyage d’une année en Italie.

Très tôt, vers l’âge de quatorze ans, il se passionne pour la photographie qu’il apprend en autodidacte puis il effectue un stage de tirage noir et blanc dans l’atelier de Georges Fèvre.

Après cela, il voyage un temps avant de revenir à Paris. Finalement, il part s’installer avec femme et enfant dans la campagne slovène avant de bientôt devoir reprendre la route à la suite du déclenchement de la guerre en Yougoslavie et la sécession de la Slovénie.

C’est à son retour en France qu’il décide de se consacrer entièrement à la photographie, qu’il pratique essentiellement en noir et blanc.

Pour chercher à comprendre ce qui se passe dans son pays d’origine, la Yougoslavie, il repart vers les zones de combat et se retrouve sur les principaux fronts de la guerre dont Vukovar, Dubrovnik et Osijek. De ce qu’il a vu, il ne prend aucun cliché et avoue : « Je voulais comprendre, mais je n’ai pas compris, pourquoi un homme saisit un fusil et court tuer son voisin. Parce que c’était ça la guerre en Yougoslavie, qui a été déclarée un beau jour, par une belle matinée ensoleillée. Voilà, je n’étais pas reporter de guerre. Il y avait certaines photographies que je pouvais faire, et d’autres que je ne pouvais pas. »

Photographe itinérant et indépendant (il ne fait partie d’aucune agence) avec son sac à dos, avançant sans contrainte ni buts prédéfinis, avec seulement son Leica en bandoulière et presque pas de confort, il voyage seul à pied, en train, bus, bateau… Ne cherchant jamais le scoop ni l’extravagance, il laisse venir l’instant sans le provoquer.

Ses cycles de travail s’étalent sur plusieurs années et plusieurs pays ou régions, comme les Balkans (partageant une partie de son voyage avec l’écrivain français François Maspero ils publieront conjointement un livre, Balkans-Transit, avec le texte de l’écrivain et une sélection de photographies de Sluban qui obtient le prix RFI-Témoins du monde 1997), les bords de la mer Noire, l’ex-Union soviétique, autour aussi de la mer Baltique puis les îles Caraïbes (Cuba, République dominicaine, Haïti), Jérusalem, l’Amérique latine, l’Asie (Chine, Japon) et l’Indonésie.

En 1995, après un an de négociations avec l’administration, il entreprend d’animer un atelier photographique au CJD (Centre pour jeunes détenus) de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Par le biais de la technique et du savoir qu’il transmet aux adolescents emprisonnés, il leur offre un espace de liberté dans cet espace clos qu’est la prison.

Devant la qualité du travail des participants, il décide d’exposer leurs travaux à l’intérieur de la prison. Il invite Henri Cartier-Bresson, qui viendra encourager les apprentis-photographes au cours de plusieurs rencontres étalées sur une année, essentiellement durant l’été et les vacances scolaires, sur une durée de sept ans, de 1995 à 2001. Ainsi au fil du temps, l’atelier s’étoffera avec la venue d’autres photographes tels Marc Riboud et William Klein.

La réussite de cet atelier l’incite à poursuivre son projet et, en 1998, il en crée de même avec des jeunes détenus de centres de détention en ex-Union soviétique (Russie, Ukraine, Géorgie, Moldavie, Lettonie). Puis en 2000 trois autres voient le jour, dont un dans l’unique prison pour jeunes détenus de Slovénie à Celje, ainsi qu’à Krusevac et Valjevo en Serbie.

En 2001, l’administration pénitentiaire française lui notifie qu’il doit cesser son travail à Fleury-Mérogis. Son atelier s’achève donc ainsi, pour la France seulement.

Parallèlement à cela, il présente Paradise Lost, travail sur les îles Caraïbes et Jérusalem(s) en faveur d’une association française engagée pour la paix.

En 2004, il expose un diaporama sur une communauté de Roms sédentarisés de la ville de Saint-Étienne, dans le cadre du Festival Transurbaines de la ville.

En 2006, il participe au festival Le Printemps Français en Indonésie où il expose sa nouvelle série Après l’obscurité… habis gelap et anime un atelier aux Rencontres d’Arles. D’octobre à novembre, la ville de Rennes expose sur la place de l’Hôtel de Ville un ensemble de quarante photographies grand format intitulé D’ailleurs…

La même année, poursuivant sa démarche dans les prisons pour jeunes détenus, il crée des ateliers à la St Patrick’s Institution de Dublin en Irlande.

À partir de 2007 et toujours sur la même thématique, il travaille cette fois avec les maras, ces gangs d’adolescents d’Amérique centrale. Il installe ses ateliers au sein des prisons de la Zona 18 et de Chimaltenango au Guatemala ainsi qu’à celles de Izalco et Tonacatepeque au Salvador.

À l’occasion d’une exposition à la galerie Le Bleu du ciel dans le cadre du festival « Lyon Septembre de la Photographie 2008 », il présente un travail réalisé avec son fils Marko en numérique et en couleur : Retour-aller. Le titre de Citoyen d’Honneur lui est attribué par la ville de Lannion en Bretagne.

L’European Publishers Award for Photography (EPAP) lui est décerné en 2009. Ce prix récompense le travail réalisé autour du cycle Transsibériades. Ce projet au long cours s’étalant sur la période de 2001 à 2008 couvre un vaste espace que le photographe a parcouru à bords du Transsibérien, du Transtibétain et du Transmongol. Le prix comprend la publication à l’échelle européenne (France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne et Grèce) de l’ouvrage Transsiberiades préfacé par l’écrivain italien Erri De Luca où l’on retrouve les images réalisées en Russie, Chine, Estonie, Lettonie, Suède, Finlande, Sibérie et Mongolie ainsi que le long de la mer Baltique.

En 2011, Klavdij Sluban est sélectionné pour participer au premier Atelier des ailleurs institué par l’administration des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et la Direction des affaires culturelles de l’océan Indien (Dac-oI). Cette résidence propose un séjour d’une durée de trois mois sur la base scientifique de Port-aux-Français dans l’archipel inhabité des Kerguelen simultanément avec des scientifiques et logisticiens en mission.

Dans le cadre des Rencontres d’Arles 2013, Klavdij Sluban présente une exposition autour de Hauteville House, la maison de l’écrivain Victor Hugo à Guernesey. -Biographie extraite de Wikipedia