L’exposition De liens et d’exils s’est tenue à la fondation Boghossian / Villa Empain. La problématique de l’exil est au coeur de l’histoire de la famille Boghossian, dont la Fondation éponyme a pour vocation de rapprocher les peuples par le biais de la culture. En cette période où se multiplient les appels à ériger des murs entre les pays, et où des migrants traversent quotidiennement les frontières au péril de leur vie, l’importance d’explorer cette thématique du lien et de l’exil s’est révélée primordiale.
Cette exposition, associée à un projet de résidence d’artistes à la Villa Empain et dans les espaces partenaires du Moussem – Centre Nomade des Arts, a réuni ainsi les regards de sept artistes, installés au Maroc, en France ou en Belgique, sur la question de l’exil, et fait dialoguer une sélection d’œuvres. Le regard posé par la curatrice Nadia Sabri sur la question de l’exil est tout à fait inédit . En mettant en avant les liens que tout déplacement est capable de susciter, elle nous propose d’aller au-delà des définitions classiques de la notion d’exil. Zainab Andalibe, Randa Maroufi, Hassan Darsi Hanane El Farissi, Abdessamad El Montassir et Wiame Haddad sont les artistes-phares de la jeune scène montante marocaine révélés par cette exposition. Cet ensemble explore, à travers une variété de supports et de techniques, les différentes réalités que peuvent recouvrir la notion d’exil en convoquant notamment les questions d’espace, de temps, d’histoire et de culture. Ces œuvres présentent ainsi de nombreuses stratégies formelles et proposent des significations nouvelles sur ce thème, à la fois universel et contemporain. À titre d’exemple, dans le projet Ceuta’s Gate, Randa Maroufi documente les situations observées à la frontière de Ceuta (Sebta), théâtre de trafics et de flux multiples. Son œuvre entre en résonance avec le travail performatif de Zainab Andalibe Fil d’Ariane qu’elle réalise dans le désert. Citons également Abdessamad El Montassir qui explore dans son film Achayef, et globalement dans le projet Al Amakine, la question déterminante du patrimoine immatériel et réalise notamment des projets collaboratifs et interdisciplinaires, créant des œuvres à la frontière des arts.
Sous la direction de Nadia Sabri, des textes réflexifs des écrivains Abdelkébir Khatibi et Rita ElKhayat, de l’anthropologue Marko Tocilovac, de Mhani Alaoui, anthropologue et écrivain ainsi que de l’historienne de l’art Carol Solomon complètent l’ouvrage ; photos en n.b. et en couleurs.