Analyse de l’uniformisation et de l’appauvrissement de la représentation médiatique de l’actualité dans un contexte de globalisation. À travers l’exemple des photographies des attentats terroristes du 11 septembre 2001 choisies et diffusées dans la presse, l’auteur démontre que le contrôle des images participe à une limitation des points de vue sur un même événement.
Qu’avons-nous vu du 11-Septembre ? L’attentat contre les tours jumelles fut sans doute l’événement le plus photographié de l’histoire des médias. Mais, paradoxalement, la presse n’a diffusé qu’un très petit nombre de ces images.
La couverture de l’événement, à la une des journaux américains des 11 et 12 septembre 2001, s’est faite principalement à travers six images-types réparties en seulement trente photographies différentes. Contrôlée par un nombre réduit de diffuseurs, l’image s’uniformise, le contenu documentaire s’appauvrit.
Ce que le 11-Septembre permet de comprendre, ce sont les effets de la globalisation sur les représentations photographiques de l’actualité.
Les images se répètent, mais semblent aussi répéter quelque chose. La photographie de Thomas Franklin des trois pompiers hissant le drapeau américain sur les décombres du World Trade Center apparaît ainsi comme une citation directe de l’icône de Joe Rosenthal des six Marines dressant le Stars and Stripes sur l’île d’Iwo Jima en février 1945. De même, le nuage de fumée dans le ciel de Manhattan après l’attentat, a été abondamment comparé à celui qui, soixante ans plus tôt, s’était élevé au-dessus de Pearl Harbor, après l’attaque japonaise.
Dans leurs représentations médiatiques, les événements d’aujourd’hui ressemblent de plus en plus à ceux d’hier.
Ce dont le 11-Septembre est le signe, c’est, en somme, d’une autre forme de globalisation qui agit non plus simplement horizontalement, sur toute la planète, mais aussi verticalement, à l’échelle de l’histoire.