Rosalind Krauss est non seulement l’une des figures les plus considérables de l’histoire et de la critique de l’art moderne en Amérique, mais celle dont les préoccupations devraient rencontrer le plus d’échos en France. Rompue à la tradition de formalisme américain, elle s’en dégagea, sans jamais en renier les acquis critiques, pour fonder en 1976 la revue October, rapidement devenu l’organe essentiel d’un dialogue transatlantique. De fait, son œuvre critique fournit l’exemple même d’un dialogisme en acte, soit qu’elle réarticule un champ donné en y faisant travailler des concepts hétérogènes, soit qu’elle change tout simplement de champ pour y tester l’efficacité ou la précarité de méthodes éprouvées en histoire de l’art.
Issue de la critique des arts plastiques, Rosalind Krauss s’attaque ici à la photographie : devenue modèle théorique et grille de lecture, celle-ci s’abolit en tant que domaine empirique. À l’heure où l’anti-théorie domine, ce livre apporte la preuve qu’il n’est pas de meilleur instrument que conceptuel pour aborder la radicale diversité du photographique.
“La force du texte de Roisalind Krauss (…) suffit à l’établir aux côtés de la “Petite histoire de la photographie” de Walter Benjamin ou de La Chambre Claire de Roland Barthes” (Hubert Damisch, extrait de la préface). Sixièpme édition (1ère édition 1990)