Kertész André

Kertész Andor, connu comme André Kertész, né le 27 mars 1890 dans une famille de la bourgeoisie juive, à Budapest, en Hongrie et mort le 28 novembre 1980 (à 86 ans), à New York) est un photographe hongrois, naturalisé américain.

Acteur important de la scène artistique parisienne durant l’entre-deux-guerres, il est reconnu comme un photographe majeur du XXème siècle.

Hongrie

Son père Leopold est un homme passionné de lettres qui passe son temps à lire. Plusieurs membres de la famille possèdent des appareils photo, et c’est ainsi que André crée ses premières images. En 1908, son père meurt et André est confié à son oncle qui devient son tuteur et lui trouve un travail à la Bourse de Budapest, où il sera employé de 1912 à 1914, après avoir suivi des études à l’Académie de commerce de la ville.

En 1913, il achète son premier appareil photo : un ICA format 4,5 × 6 cm.

En 1914, il sert dans l’armée austro-hongroise. Il réalise alors beaucoup de photographies, témoignant de ses expériences de guerre.

Il publie ses premières photos dans un journal et gagne un concours de magazine, mais la plupart de ses négatifs et de ses plaques sont détruits pendant la révolution hongroise de 1918.

Paris

Après la guerre, il décide de devenir photographe et arrive à Paris en 1925, après avoir reçu le diplôme d’honneur de la Société hongroise de photographie. C’est là qu’il change son prénom pour André, équivalent français de And or. À Paris, il fréquente et photographie de nombreuses personnalités littéraires et artistiques, comme Brassaï, Colette, Marc Chagall, Michel Seuphor qui lui fait rencontrer Mondrian. Il y rencontre sa compatriote Rosa Klein, alias Rogi André, photographe comme lui, qu’il épouse en 1925 ; mais le mariage sera de courte durée.

De 1925 à 1935, il vend des photos ainsi que des reproductions de ses images sur des cartes postales pour vivre et travaille avec divers magazines. Dès 1927, il réalise ses premières expositions et collabore à la revue Bifur en 1928. Il aide Brassaï dans ses débuts dans la photographie. Bien qu’il soit proche des surréalistes et des Dada, il n’appartient à aucun mouvement.

Cette année là, il achète un Leica ; il sera le premier à en utiliser un professionnellement. Il réalise un reportage pour VU. Il participera également activement à la revue Art et médecine.

En 1932, il expose un ensemble important de ses photographies dans la galerie new-yorkaise de Julien Levy.

Distorsions

En 1933, il réalise une série intitulée « Distorsions » — œuvre marquante dans l’histoire de la photographie — qu’il reprendra en 1984 lors de son séjour à Paris.

New York

En 1933, il rencontre sa femme Elizabeth Sali (décédée en 1977) avec qui il part pour New York en 1936, pour travailler dans la filiale new-yorkaise de l’agence de presse Keystone.

Du fait de la montée du nazisme et de l’antisémitisme en Europe, le couple décide de rester provisoirement à New York. Le début de la Seconde Guerre mondiale compromet le retour en France pour Kertész qui, parce qu’artiste reconnu en France, s’y était vu proposer la nationalité française.

Il collabore de 1937 à 1949 avec divers journaux. Mais en raison de ses difficultés à apprendre l’anglais et de son refus de s’adapter au marché commercial de la photographie aux États-Unis à cette période, il fait face à une incompréhension de son travail et ses reportages ne sont pas publiés. Bien qu’un contrat avec Condé Nast lui assure un revenu régulier, c’est sa femme, ancienne employée de Helena Rubinstein qui permet au couple de vivre, grâce à une société de produits de beauté qu’elle crée après leur naturalisation américaine en 1944. Brassaï, le rencontrant à New York dans les années 1950, voit un homme qui assouvit ses besoins matériels en travaillant pour de luxueux magazines, tel House and Garden, mais a perdu le sens de sa vocation.

Retour en France

Après la guerre et en particulier après le décès de son épouse, André Kertész revient régulièrement en France où il entretient de nombreuses amitiés, à l’occasion des Rencontres internationales de la photographie d’Arles notamment. De cette période datent les premiers documentaires consacrés au photographe.

La série « Les nouvelles distorsions » est réalisée à l’endroit même où il avait réalisé la série originelle (l’hôtel Esmeralda à Paris) et le mirolège (un film miroir thermorétractable sur châssis en aluminium) est utilisé pour les reflets déformés. Il est assisté durant ces sessions photographiques par Philippe Robert et reçoit le chercheur et critique photo pour Libération Christian Caujolle rencontré auparavant et qui deviendra un des spécialistes de l’œuvre de Kertész.

Il réalise quelques publications et contrats, mais en 1963, après être tombé malade, il rompt tous ses contrats et ne fait plus de photographie que par plaisir.

Il se bat pour faire connaître son œuvre aux États-Unis mais les expositions ne sont jamais à la hauteur de son œuvre — ses nus déformés de la série Distorsions, par exemple, sont exposés recadrés pour cacher les parties du corps qui froissent les goûts du public.

En 1982, il reçoit le prix de la Photographie du ministère de la Culture et lègue ses archives à l’État français.

La photographie et l’art

L’œuvre d’André Kertész a eu une influence déterminante sur la reconnaissance de la photographie comme discipline artistique à part entière.

Quand en 1919, L’Art vivant écrit une défense de la photographie comme art, c’est avec les œuvres de Kertész comme illustration. Kertész fait de la photographie non pas le reflet du réel, son enregistrement, mais au contraire la matrice de formes nouvelles. -biographie de Wikipedia