Les photographies de ce livre représentent les mains de prisonniers du début du XXe siècle, tirées des albums photographiques d’Abdul Hamid II, le 34e sultan de l’Empire ottoman. Abdul Hamid II avait été ému par des informations pseudo-scientifiques qu’il avait lues dans un roman policier selon lesquelles «tout criminel dont l’articulation du pouce est plus longue que celle de l’index, est enclin au meurtre». À cette fin, les photographies de ce livre montrent les mains des sujets à des fins de classification. Le sort des prisonniers individuels reste inconnu car il n’y a aucune trace du verdict d’Abdul Hamid II après avoir vu les mains en attente de pardon.
Abdul Hamid II a utilisé la photographie comme outil pour documenter la modernisation de l’Empire ottoman au début du 20e siècle. Un studio de photographie a été construit à l’intérieur du palais Y?ld?z et des albums ont été reproduits et envoyés à travers le monde pour témoigner des progrès de l’Empire ottoman. Abdul Hamid II lui-même quittait rarement Istanbul mais commandait des photographies afin de pouvoir se familiariser avec son propre pays, autrement invisible à ses yeux.
Entre autres choses, Abdul Hamid II était obsédé par la fiction policière et dans la 25e année de son règne, il a ordonné à tous les condamnés pour meurtre d’être photographiés avec leurs mains visibles, en préparation d’une amnistie planifiée en fonction de la longueur de leurs articulations du pouce. Ils sont présentés dans le livre en catégories – ceux enchaînés avec des bracelets en fer et ceux sans. Cemre Ye?il Gönenli, a découpé les visages des sujets afin que leur état émotionnel soit ambigu.
Hayal & Hakikat (traduit par Dream & Fact), par Cemre Ye?il Gönenli, se présente sous la forme de deux livrets «Un manuel de pardon et un manuel de punition» qui peuvent être consultés côte à côte. Le «rêve» du titre fait référence au désir de libération des détenus et au «fait», leur situation réelle. Le sort des prisonniers individuels reste inconnu car il n’y a aucune trace du verdict d’Abdul Hamid II après avoir vu les mains en attente de pardon.
Le livre est le résultat de l’atelier «Interpréter l’encyclopédie d’Istanbul avec des photographies» organisé par le bureau de projet de Geni? Aç? et SALT en mai 2019. Le Cemre Ye?il Gönenli a trouvé l’histoire de ces archives de photographies de crimes dans cette encyclopédie inachevée de Re?at Ekrem Koçu. Elle a ensuite enquêté sur les images conservées dans la collection de livres rares de la bibliothèque de l’Université d’Istanbul dans les albums de la collection de photographies du palais Y?ld?z.
Hayal et Hakikat est dédié à ceux qui, à l’époque contemporaine, sont détenus arbitrairement; coédition avec FiLBooks, essai de Refik Akyüz, traduit par Orhan Cem Çetin.
Palmarès: Sélectionné pour le livre photo de l’année aux Aperture Paris PhotoBook Awards 2020.
Cemre Ye?il Gönenli est un photographe, artiste et conteur visuel, basé à Istanbul. Elle enseigne et écrit sur la photographie, et dirige une petite maison d’édition et une boutique de livres photo appelée FiLBooks à Istanbul.
The photographs in this book depict the hands of prisoners from the early 20th century, drawn from the photograph albums of Abdul Hamid II, the 34th Sultan of the Ottoman Empire. Abdul Hamid II had been moved by pseudo-scientific information he read in a crime novel that “any criminal with a thumb joint longer than the index finger joint, is inclined to murder.” To this end, the photographs in this book show the subjects’ hands for the purpose of classification. The fate of the individual prisoners remains unknown as there is no record of the verdict of Abdul Hamid II after viewing the hands awaiting forgiveness.
Abdul Hamid II utilised photography as a tool for documenting the modernisation of the Ottoman Empire at the start of the 20th Century. A photography studio was build inside the Y?ld?z Palace and albums reproduced and sent across the world