Comment se situer, vivre et agir dans un « monde imparfait » ? Telle est la question que se pose le jeune Gilles Caron, alors appelé à faire son service militaire pendant la guerre d’Algérie. Devenu reporter au sein de l’agence Gamma, il photographiera entre 1967 et 1970 nombre des conflits de son époque, jusqu’à sa disparition au Cambodge, à l’âge de trente ans. Ce livre propose un parcours à travers quelques-uns de ses reportages les plus célèbres, comme Mai 68 à Paris ou la guerre du Biafra mais aussi d’autres moins connus comme l’anniversaire du Printemps de Prague ou la rébellion armée au Tchad. Les historiens de la photographie Guillaume Blanc, Clara Bouveresse et Isabella Seniuta éclairent le contexte historique et les conditions de production de ces images, pour certaines devenues célèbres, ainsi que leur diffusion par la presse à laquelle elles étaient destinées. Relue ainsi sous l’angle de ses ambivalences, l’œuvre de Gilles Caron traduit la complexité à rendre compte de ce « monde imparfait » dont il choisit, en tant que photoreporter, d’« être imprégné tout entier ». ; textes de Guillaume Blanc, Clara Bouveresse et Isabella Seniuta.
« Il n’y a aucune raison pour que ce monde imparfait et ennuyeux qui m’a été donné à la naissance, je sois obligé de l’assumer et de l’améliorer dans la mesure de mes moyens. On subit toujours, mais de diverses façons. Ne rien faire, c’est désolant. Jouer un rôle, c’est prendre son siècle en main, en être imprégné tout entier. » Gilles Caron, lettre à sa mère, 6 mai 1960.