“[…] Pour résumer ce qui a été dit jusqu’à présent, Han Youngsoo était un visionnaire plutôt qu’un enregistreur. Enregistrer honnêtement la vie de l’époque n’était pas son but. Pour voir l’historicité dans ses photographies il faut se poser la question du modèle de la voiture dans la rue, quand et où elle a été fabriquée, comment elle a été introduite en Corée et à quel point elle était grosse et quel genre de moteur de traction a été utilisé. La question historique est de savoir quelle était l’importance du tramway parmi les moyens de transport dans les villes coréennes. Les photographies de Han ne contiennent pas de telles informations. Bien qu’il y ait un peu d’historicité dans ses photographies, nous regardons ses photos pour apprendre l’histoire.
Ce qui est évident dans ses œuvres c’est sa vision elle-même, pas l’histoire des choses montrées. Il a pris la photo du tramway (photo sur la couverture du livre) du bas vers le haut comme Alexander Rodchenko dans les années 1920. Les câbles dans le ciel représentaient les symboles de la modernité dans cette image. Cependant, ils ne sont pas une modernité nouvellement émergente. Car ces tramways étaient déjà obsolètes au moment de la prise de cette photographie. C’était donc une modernité qui arrivait trop tard. Qu’il soit conscient ou non, cette photographie est la version des années 1950 de la réponse à la nouvelle vision qui est venue dans les années 1920. Han recherchait définitivement son propre rythme et sa propre vision.
Dans cette image, le tramway reçoit une nouvelle temporalité qui traverse la modernité. Pensant qu’un tramway est traité comme un symbole de nostalgie ces jours-ci, il est particulier que Han ait positionné le tramway en dehors d’une vie quotidienne ordinaire avec sa propre vision. Il a pris en photo la réalité de la précarité en Corée. Mais il y a ajouté une autre couche de réalité. Il se préoccupe donc de la modernité avant les autres photographes. Séoul est devenue une ville avec un riche vocabulaire visuel.” -extrait de l’avant-propos de Young June Lee (critique de photographie)
“[…] To sum up what has been said so far, Han Youngsoo was a seer rather than a recorder. To truthfully record the life of the times was not his interest. To see the historicity in his photographs is to ask about the model of the street car, when and where it was fabricated, how it was introduced in Korea and how heavy it was and what kind of traction motor was uses. The historical question is what the significance of the street car had among the means of transportation in Korean cities. Han’s photography do not carry such informations. Although a bit of historicity might be found in his photographs, we are looking at his pictures to learn history.
What is prominent in his works is his vision itself, not the story of the things portrayed. He took picture of the streetcar (picture on the cover of the book) from the bottom toward the top as Alexander Rodchenko did in the 1920s. The cables in the sky were the symbols of modernity in this image. However, they are not a newly emerging modernity. For these streetcars were already obsolete at the time this photograph was made. Therefore, it was a modernity that came too late. Wether he was conscious or not, this photograph is 1950s’ version of the response to the new vision that came in the 1920s’. Han definitely sought after his own speed and vision.
In this picture the streetcar is given a new temporality that cuts across the modernity. Thinking that a streetcar is treated as a symbol of nostalgia these days, it is peculiar that Han positioned the streetcar outside an ordinary daily life with his own vision. He took picture of poor reality in Korea. But he added another layer of reality to it. So he preoccupies the modernity ahead of other photographers. Seoul has been rendered a city of rich visual vocabularies.” -extract from the foreword by Young June Lee (photography critic)