James Nachtwey Memoria accompagne l’exposition homonyme organisée par Roberto Koch et par le photographe lui-même, exposée au Palazzo Reale de Milan du 1er décembre 2017 au 4 mars 2018.
Le livre James Nachtwey Memoria, ainsi que l’exposition qui l’accompagne, propose une impressionnante réflexion individuelle et collective sur le thème de la guerre.
Depuis quarante ans James Nachtwey, considéré universellement comme l’héritier de Robert Capa, photographie la douleur, l’injustice, la violence, la mort ; cette mort qui ne connaît pas la plénitude de la vieillesse et la chaleur des affections, mais a des yeux d’enfant, des mains squelettiques de femme, visage d’homme blessé par la pauvreté. Ce qui le soutient dans cette descente dans la “ville douloureuse” de la condition humaine est la certitude que le photojournalisme, dans son expression la plus élevée, peut encore influencer l’opinion publique comme une première rédaction d’un livre d’histoire ultérieur, plus élaboré. Documenter et espérer changer l’histoire : “Mes photos sont mon témoignage. Les événements que j’ai documentés ne doivent pas être oubliés et ne doivent pas être répétés”.
La beauté extraordinaire de ses photographies est un instrument de lutte, un geste de compassion face à des scènes comme en Bosnie, à Mostar, où dans une chambre à coucher un tireur d’élite tire par la fenêtre. Ou lorsqu’il fait des reportages sur les effets de la famine au Darfour, sur la tuberculose ou sur les dommages causés par l’agent orange au Vietnam. Parmi ses images les plus emblématiques, on trouve aussi un survivant d’un camp de concentration hutu au Rwanda avec une cicatrice au visage au premier plan, mais aussi la Deuxième Intifada en Cisjordanie vécue en première ligne. Dans les images de Nachtwey, c’est l’humanité blessée par la violence, dévastée par la maladie, la faim, la nature qui se dresse contre la prétention de contrôle de l’homme qui parle.
Introduit par des textes de Giuseppe Sala, maire de Milan, de Filippo del Corno, assesseur à la Culture de la Commune de Milan, de Domenico Pirana, directeur de Palazzo Reale, et du curateur Roberto Koch, Le volume propose une large sélection des reportages les plus significatifs de James Nachtwey, dont les photographies lumière et ténèbres alternent dans une danse presque infinie.
Du Salvador à Gaza, de l’Indonésie au Japon, en passant par la Roumanie, la Somalie, le Soudan, le Rwanda, l’Irak, l’Afghanistan, le Népal, les États-Unis (y compris le témoignage extraordinaire de l’attentat du 11 septembre 2001) et beaucoup d’autres pays, le volume se termine par un reportage très actuel sur l’immigration en Europe : Mémoire recueille les clichés avec lesquels le photographe raconte la cruauté de la guerre, la violence du terrorisme, le regard vide du désespoir ; photos en n.b. et en couleurs.