À partir d’une enquête minutieuse dans les textes historiques français – du XVIIe au XXe siècle – sur la manière dont le « flou » est mobilisé et discuté, l’étude aborde d’abord ses particularités dans la peinture, avec un détour par le cinéma. Elle tente ainsi de mieux saisir la complexité de la fortune critique de la notion au XIXe siècle et l’histoire de sa légitimation dans le champ photographique qui éclot véritablement dans la seconde moitié du XXe siècle. Tiraillé entre l’erreur technique primaire qu’il désigne et les ambitions artistiques qu’il promet, le flou engage souvent des enjeux contradictoires : il contribue à la fois à renforcer la mimêsis et à la détruire ; il affirme des valeurs bourgeoises tout en étant aussi un agent révolutionnaire ; il est associé à la pratique amateure comme à l’expertise technique la plus aboutie. Artistiques, moraux, sociaux, politiques, philosophiques et psychanalytiques, les débats soulevés par la forme témoignent du puissant levier que représente le flou pour articuler une réflexion critique sur l’histoire de la photographie dans la perspective d’une philosophie du regard ; publié avec le soutien du Fonds des publications de l’UNIL – université de Lausanne et de Photo Elysée – musée cantonal pour la photographie, quelques photos en n.b.
Le doctorat dont cet ouvrage est issu a reçu le prix de la faculté des lettres de l’université de Lausanne.