Observer les paysages

“D’une manière directe quoique nullement formulée l’Observatoire du paysage accomplit la mission du paysagiste lorsque celui-ci, au lieu de se placer en architecte ou en urbaniste face à ce qui se trouve sous l’étendue du regard, donne au ‘vivant’ un statut de préséance avec lequel il accepte de partager une signature. L’œuvre évolue sous l’imprévisible pression des inventions de la nature, des comportements humains et aussi sous la pression programmmée des plans de développement auquel se trouvent liées les fluctuations erratiques du modèle économique en cours. Ainsi, par la juxtaposition de deux images du même site séparées par cinquante années avant et après les trente Glorieuxes, l’Observatoire est-il en mesure de révéler l’inversion du paysage ruaral en montrant les reliefs autrefois nus et pâturés devenus des forêtes tandis que les bocages morcelés et soumis aux remembrements se transforment en à-plats de monocultures dépourvues de boisement : expression d’un changement d’économie de gestion du territoire assisté par une technologie de pointe. L’Observatoire fait apparaître les caprices de la ville soumise au tout-voiture avec une insolence sans pardon : on y voit le tissu urbain tavelé de roinds-points qu’une vision aérienne (celle d’un drone ou d’un oiseau sans moteur) dénoncerait comme une maladie grave ou comme la délicate parure d’un tissu à fleurs au cœur cerclé de verdure. Tout dépend du lecteur. S’agit-il d’une mouette en survol de la ville, d’un règlementeur de PLU ou d’un extraterrestre perdu? Comment interpréter ces changements à vue, dont les vues séparées par le temps racontent à chaque fois une histoire différente?”-extrait de l’avant-propos de Gilles Clément ; sous la directin de Daniel Quesney et Jac Fol, avant-propos de Gilles Clément, photos en n.b. et en couleurs.