Comme dans ce témoignage, revenaient sans cesse dans les discussions ces trois bouleversements qui marquèrent 1988 et les années suivantes. Toutes les familles arméniennes ont été affectées par ces bouleversements qui, pour certaines, se sont cumulés.
Aujourd’hui, trente ans après l’année zéro, la vie se poursuit, mais « elle est plus difficile aujourd’hui qu’hier ». D’où ce sentiment de nostalgie éprouvé? par ceux et celles qui ont connu le temps d’avant. Patrick Rollier a fait 8 voyages entre 2015 et 2018 dans une démarche proche de l’ethnographie pour partager des bribes de l’histoire des Arméniennes et des Arméniens qui lui ont ouvert leur porte, leur cœur. Leurs récits et ses photographies sont emplis des traces de ces bouleversements.
« L’histoire moderne de l’Arménie est partagée en deux parties : avant et après le tremblement de terre. Ce n’est pas avant ou après l’Indépendance ; c’est juste avant ou après le tremblement de terre.
Beaucoup de choses ont changé brusquement. Quand tu vois la ville que tu aimes détruite, c’est aussi ton âme qui est détruite. Et la perte des proches…
Tout s’est enchainé, la chute de l’Union soviétique, l’indépendance, la guerre du Haut Karabakh, tous ces événements se sont entassés dans une même période. » – Alexan (Gumri)