Dans une approche mêlant symbolisme et documentaire, Azov Horizons explore les coulisses d’une zone géographique aujourd’hui engloutie dans la lutte violente pour le contrôle du sud de l’Ukraine par la Russie, tout en évoquant les transformations en cours dans les sociétés des deux pays, l’un sombrant dans un autoritarisme belliqueux, l’autre luttant pour sa survie.
« La mer d’Azov m’est apparue dans un éclat de lumière. C’est cette lumière si particulière, douce et colorée, qui guida mes premiers pas sur les rives de cette petite sœur de la mer Noire, vers laquelle je reviens tous les étés depuis 2019.
Ce sont ces dégradés d’horizons, qui entrent en dissonance avec notre imaginaire visuel de ces régions, que je me promettais de photographier, année après année en Ukraine et en Russie, comme un fil formel qui guiderait mes pas. Mais ce récit estival, que j’avais espéré lumineux, est aussi la chronique d’un monde qui disparaît, dévoré par la guerre qui allait bientôt éclater.
La région était déjà en 2019 une zone de friction intense. Les combats faisaient rage depuis cinq ans dans le Donbass, la Crimée avait été annexée, et la mer d’Azov était de facto occupée par la marine de guerre russe. La douceur visuelle que j’ai trouvée sur ces rivages paisibles entrait étrangement en contraste avec le mal qui montait.
Influencée par la tradition américaine de la road photography, la série privilégie le détour et l’errance, plutôt que l’approche journalistique, afin de donner au territoire et à ses singularités, plutôt qu’à l’événement, la haute main sur le récit. Celui-ci se construit au rythme de longs séjours annuels qui permettent au temps de l’histoire de se déployer dans sa complexité.
Ces images portent notre regard vers les racines et les traces visibles de cette guerre ; ce sont les coulisses d’une horreur impensable sur le sol européen. J’ai l’espoir qu’elles murmurent à nos consciences que ce que nous croyons acquis n’a rien d’immuable. De nombreux voyages sont encore à venir : je ne peux plus imaginer un été sans Ukraine ». — Patrick Wack











