Réédition de l’ouvrage paru en 2004, le second essai que Dominique Baqué consacre à la photographie plasticienne. Cette fois son attention se porte sur les productions artistiques des années 90.
Si La Photographie plasticienne. Un art paradoxal se proposait d’examiner les conditions de possibilité de “l’entrée en art” de la photographie, autour des années soixante-dix, et constituait le medium photographique comme l’un des plus puissants opérateurs de déconstruction du modernisme, Champ photographique : l’extrême contemporain se donne pour enjeu l’examen attentif des différents pôles photographiques, souvent contradictoires, de ce qui serait “l’après post-modernisme”, emblématisé par les années quatre-vingt-dix : les tropes du banal et de l’intime vs la photographie érudite ; l’esthétique de l’idiotie vs le sérieux de l’objectivisme issu de l’école de Düsseldorf ; les fictions prométhéennes du post-human vs le renouveau de plus en plus affirmé d’une photographie documentaire qui ne doit plus rien à un photojournalisme frappé d’obsolescence, mais peut a contrario se comprendre en écho aux stratégies iconiques du “retrait”.
Dans un champ photographique éclaté, qu’il serait illusoire de vouloir unifier au détriment des différences et des fractures, l’auteure a conjointement mis en exergue les questionnements propres à l’extrême contemporain : soit l’impossibilité du paysage et la crise de l’urbanité, l’émergence de “non-lieux” et la tentative pour inventer des lieux où vivre, d’une part ; l’inquiétude du sujet vis-à-vis de lui-même, d’autre part, comme si le portrait, loin d’être une évidence, achoppait sur une identité toujours plus précaire, qui fut déjà soumise à l’implacable déconstruction structuraliste du sujet.
Au terme du parcours, c’est à une lecture subjective – et revendiquée comme telle – des œuvres que le lecteur sera convié : constituer l’admiration comme passion joyeuse, active, nietzschéenne enfin ; index, bibliographie, photographies en noir et blanc et en couleurs.