Yaya Coulibaly, l’un des plus grands marionnettistes vivants, est l’héritier d’une tradition séculaire. Il est un des plus brillants représentants de la culture et des traditions africaines. Depuis plus de trente ans,
l’artiste malien Yaya Coulibaly caricature la société africaine et veille sur plus de 10 000 marionnettes, dont certaines datent du XVIe siècle.
Au Mali, le théâtre de masques et de marionnettes, généralement appelé sogobò, est commun aux Bamana, Malinké et Bozo, dont l’histoire et la culture sont étroitement liées depuis des siècles. Cet art théâtral met en œuvre des masques et des marionnettes, d’une incroyable richesse formelle et symbolique, dans le cadre de manifestations pluridisciplinaires qui associent théâtre, mascarade, danse, art acrobatique, musique et chant. Art vivant, en évolution constante, le théâtre de masques et de marionnettes est un miroir de la société qui reflète l’identité de ces trois peuples telle qu’ils la conçoivent et ses représentations sont autant de temps forts de la vie sociale qui renforcent la paix et la cohésion au sein de la société.
Art poétique par excellence, car fondé sur l’illusion et la suggestion, le théâtre de marionnettes est souvent associé à des pratiques sociales et spirituelles. C’est un moyen symbolique et efficace de mobiliser les forces surnaturelles. Dans d’autres contextes, il permet sans avoir l’air d’y toucher d’affronter l’autoritarisme du pouvoir en place. Mais c’est aussi un art total, nécessitant de multiples savoir-faire : le dessin, la sculpture, la couture, la musique, la danse, les arts martiaux, la dramaturgie et le jeu d’acteurs. Il constitue à ce titre un objet anthropologique dont l’étude permet de mieux comprendre les dessous d’une culture, d’une société.
Cet ouvrage constitue le second volet d’une trilogie sur la culture malienne dont le tome 1 « Korèdugaw » a été édité par Trans Photographic Press en 2020.