1ère édition tirée à 1 000 exemplaires.
Nous avons choisi de demander à Anaïs Boudot de relever ce défi, celui d’un vis-à-vis artistique autour du cliché verre, comme celui d’une réponse à ce voile longtemps (im)posé sur les artistes femmes. Anaïs Boudot réalise ici une série de créations sur un ensemble de plaques de verre anonymes de sa collection représentant toutes des figures féminines. Une modernité dans les matières, dans la lumière comme dans le ton qui bouscule et s’impose à la fois dans ce dialogue avec Picasso et Brassaï.
Dès lors, près d’un siècle plus tard, à un moment où de jeunes artistes convoquent les procédés anciens pour des expressions contemporaines, comment réinterpréter et prolonger ce face à face de l’artiste avec la plaque de verre, sa lumière et sa matière ? De même, dans une époque qui revendique la place des femmes dans l’histoire de l’art, comment interroger ou bousculer ce phénomène si ordinaire de domination, qu’il s’agisse du rapport aux femmes des artistes eux-mêmes, ou d’une certaine forme de résistance encore aujourd’hui de placer les artistes femmes au en centre du jeu/JE.
Face à ces deux monstres sacrés de l’art moderne, Anaïs Boudot répond à une invitation de The Eyes, en reprenant sa propre collection de visages anonymes sur verre, pour les retravailler à même la gélatine.
Parmi ces portraits d’anonymes des années 20-30 et 40 s’imposent les visages de femmes. Là où chez Picasso et Brassaï le grattage de la gélatine s‘apparente à un « acte chirurgical beaucoup plus intrusif pour faire ressortir la plastique de l’œuvre », Anaïs Boudot choisit la dorure pour redorer ces images d’inconnues, sublimer l’image de ces femmes, ces muses si peu considérées par ces maîtres et oubliées de l’histoire de l’art. C’est dans cette démarche autant instinctive qu’expérimentale que s’inscrit le travail d’Anaïs Boudot, celle de rendre visible l’invisible.
We have chosen to ask Anaïs Boudot to take up this challenge, that of an artistic confrontation around the cliché under glass, as well as that of a response to the veil that has long been imposed on women artists. Anaïs Boudot has created a series of works on a set of anonymous glass plates from her collection, all of which represent female figures. A modernity in the materials, in the light as well as in the tone that both challenges and imposes itself in this vis-à-vis with Picasso and Brassaï.
Almost a century later, at a time when young artists are coming back to ancient processes for contemporary expression, how can we reinterpret and extend this face-to-face encounter between the artist and the glass plate, its light and its material? In the same way, in an era that claims the place of women in the history of art, how can we question or shake up this so ordinary phenomenon of domination, whether it is the relationship to women of the artists themselves, or a certain form of resistance still today to place women artists at the heart of the creation.
Faced with these two sacred monsters of modern art, Anaïs Boudot responds to an invitation from The Eyes, by taking her own collection of anonymous faces on glass, to rework them with gelatin. Among these portraits of anonymous people from the 20s, 30s and 40s, women’s faces stand out. Where Picasso and Brassaï’s scratching of the gelatin is similar to a “surgical act much more intrusive to bring out the plasticity of the work”, Anaïs Boudot chooses gilding to restore these images of unknowns, to sublimate the image of these women, these muses so little considered by these masters and forgotten by the history of art. Anaïs Boudot’s work is part of this instinctive and experimental approach, that of making the invisible visible.