Inspirée par l’esprit du voyage hérité de la Maison, la collection Fashion Eye de Louis Vuitton évoque des villes, des régions ou des pays à travers le regard de photographes de mode, jeunes talents ou légendes de l’industrie. Chaque titre de la série comprend une vaste sélection de photographies grand format, ainsi que des éléments biographiques et un entretien avec l’artiste ou un essai critique. Les photographes choisis imprègnent ainsi de leur vision unique leurs images de grandes villes, de lieux lointains ou de destinations de rêve.
« Ce pays me parle constamment », a déclaré Deborah Turbeville, la protégée de Richard Avedon, après avoir parcouru tout le territoire, à l’écoute de ses « textures » et des « sensations » qu’il lui procurait. En 1986, elle tombe sous le charme d’un couvent du 18ᵉ siècle à San Miguel de Allende, une ville coloniale perchée sur les plateaux de Guanajuato. Entourée de chiens, d’oiseaux, d’ex-voto, de bougies et de meubles anciens, c’est ici que Deborah Turbeville décide de vivre et d’exprimer sa créativité entre ses séjours à Saint-Pétersbourg, New York, Paris et Cracovie.
Les mystères de la Casa No Name sont révélés dans un album souvenir qui associe des portraits, des détails et des paysages à l’allure fanée. Des pêcheurs de l’île de Janitzio, un barbier du marché de Pátzcuaro, des enfants des rues de San Cristóbal de Las Casas, des chèvres sauvages, des représentations de la Sainte Vierge, les sujets et les scènes se suivent comme dans un rêve ou un film. Parce que tout « s’entremêle » dans l’œuvre de cette femme qui abîme ses photos en les colorant, les griffant, les déchirant, les copiant, les collant et les annotant, comme le pâle reflet d’un « passé imparfait » empreint de magie.
C’est au milieu des ruines de Mineral de Pozos, un de ses endroits de prédilection car il évoque l’œuvre de Rossellini, que Deborah Turbeville a immortalisé Sônia Braga en transe et une femme autochtone portant un ensemble Prada noir pour Vogue Italia. Elle y a également réalisé le film Night Cry (2012), six minutes d’images en nuit américaine dans lequel des visions macabres riches en iconographie religieuse tourmentent l’âme d’un homme au volant de son pick-up ; sous la direction et texte de Sylvie Lecallier, photos en n.b. et en couleurs.