Photographe et cinéaste français d’origine roumaine, Éli Lotar arrive en France en 1924. Proche de Germaine Krull, qui le forme, il publie dans la plupart des revues d’avant-garde et participe aux expositions internationales majeures de l’époque (« Fotographie der Gegenwart », « Fifo », « Salon de l’Araignée »). Sa fameuse série sur les abattoirs de la Villette fascine les surréalistes, au premier rang desquels Georges Bataille qui la publie dans sa revue Documents. Son regard onirique sur la ville, ses collages reconstituant des images de villes fantasmées montrent cette affinité élective avec le surréalisme. Il est associé de Jacques-André Boiffard, collaborateur de Roger Vitrac, d’Antonin Artaud et des Prévert, ami d’Alberto Giacometti et responsable de la section photographique de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. Également très sensible au contexte social et politique européen des années 1930, il photographie les travailleurs de Zuydersee, en marge du film éponyme de Joris Ivens, montre une vision désespérée du village des Hurdes aux côtés de Luis Buñuel, et consacre son ultime réalisation cinématographique aux taudis d’Aubervilliers. Éli Lotar nous laisse une œuvre qui concentre toute l’audace, l’inventivité et l’engagement de la période de l’entre-deux-guerres.
Sous la direction de Damarice Amao, historienne de l’art et de la photographie et enseignante de l’histoire de la photographie à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, de Clément Chéroux, historien de la photographie, conservateur au Centre Pompidou et commissaire d’expositions et de Pia Viewing, chercheuse et commissaire d’expositions au Jeu de Paume, photos en n.b.
Publié à l’occasion de l’exposition au Jeu de Paume de Paris du 14 février au 28 mai 2017, co-produite avec le Centre Pompidou pour son 40ème anniversaire.