1ère édition tirée à 750 exemplaires.
De sa sanglante guerre civile (1989-2003), le Libéria ne parle pas. Aucun mémorial n’a été édifié, aucune journée n’est dédiée à commémorer. Encore tenu par certains protagonistes du carnage, le pays se refuse toujours à condamner ses bourreaux. Ce silence, amplifié par un mutisme international, balaye toute reconnaissance sociale de la tragédie et renie l’essence même d’une mémoire collective, générant un profond sentiment d’abandon doublé d’une résignation somnolente. Le traumatisme d’une population entière se cristallise dans une société aux fondations d’argile et transpire sur une nouvelle génération à l’avenir trouble.
Le travail photographique et sonore d’Elliott Verdier s’est étalé sur deux ans. Les prises de vue ont été réalisées sur l’ensemble du territoire, des mines de diamants de Gbarpolu au port de pêche de Harper, en passant par l’immense bidonville de Westpoint. Les photographies argentiques, faites à la chambre 4×5, offrent deux séquences entremêlées, l’une en noir & blanc et l’autre en couleur. S’y ajoutent des enregistrements réalisés en studio où l’on écoute la voix de femmes et d’hommes, victimes ou bourreaux, qui narrent leurs destins abîmés.
Les monochromes sont des images contextuelles, sombres et énigmatiques, qui plantent le décor des portraits en couleurs. Ces n&b sont une référence à la nuit, souvent présente dans les témoignages et décrite comme le moment où le traumatisme devient palpable. Ils distillent une atmosphère pesante et propagent le silence étouffant qui règne sur le pays. De ce silence émergent les mots restitués des enregistrements, sur des calques, comme pour venir consteller de murmures inaudibles cette nuit libérienne ; préfaces de Gaël Faye, auteur-compositeur-interprète, rappeur, écrivain et de Leymah Gbowee, activiste, Lauréate du prix Nobel de la Paix (2011), photos en n.b. et en couleurs.
Elliott Verdier est photographe documentaire. Porté par les thématiques de la mémoire, de la transmission générationnelle et de la résilience, il arpente les territoires et photographie avec une certaine intimité, et dignité, les personnes qui les habitent.
En 2017, il réalise son premier projet au long cours, “A Shaded Path”, au Kirghizistan. Il est aidé par le CNAP en 2019 pour son deuxième projet d’envergure, “Reaching for Dawn”, au Libéria.
Elliott Verdier collabore également avec la presse, notamment le New York Times et M le Magazine du Monde.
Of the bloody civil war (1989-2003) that decimated Liberia, its population does not speak. No proper memorial has been built, no day is dedicated to commemoration. The country, still held by several protagonists of the carnage, refuses to condemn its perpetrators. This deafening silence, that resonates internationally, denies any possibility of social recognition or collective memory of the massacres, condemning Liberia to an endless feeling of abandonment and drowsy resignation. The trauma carved into the population’s flesh is crystallized in the society’s weak foundations, still imbued with an unsound Americanism, and bleeds onto a new generation with an uncertain future.
Elliott Verdier’s photographic and sound work was spread over a two year period. The images were made over the entire country, from the diamond mines of Gbarpolu to the fishing harbors of Harper and through the immense slum of Westpoint. The analog photographs, made with a large format camera, offer two interweaved narratives, one in black & white and the other in color. In parallel to the photographs, recordings of men and women’s voices are added, be they victims or perpetrators, to recount their damaged fate.
The dark and enigmatic monochromes are contextual images that establish the setting for the color portraits. These black & white images are a reference to the night that so often appears in witness accounts, a moment in time where the trauma becomes palpable. They distill a heavy atmosphere that spreads the suf