Arpenter Berlin, une fois encore. Inlassablement traquer les fêlures, les ruptures, les excroissances de la cité, ses failles secrètes, son amnésie. Histoire sans fin. Derrière ses façades : illusion, illusion. Derrière son fric, ses chantiers bétonnés, ses nouveaux palais de verre et d’acier se dessine, se superpose en filigrane, sombre, hantée, une tout autre carte du territoire. Sans relâche explorer les vides, les interstices, les terrains vagues, no man’s lands. Avant qu’il soit trop tard.
Mais qui oserait croire vraiment que le pire est derrière nous ? Qui pour prophétiser l’effacement, alors que les têtes de l’hydre idéologique, silencieusement, ne cessent de se régénérer ? Il suffit de fermer les yeux pour voir, pour être saisi par l’évidence. La guerre gronde encore et encore. Il suffit de creuser dans les souvenirs, de convoquer les fantômes de Berlin, d’imaginer pour comprendre que tout s’empile, s’entasse, s’accumule sous nos yeux, ici et maintenant. […] – Extrait de la préface.
Le photographe :
Né à Metz en 1950, Francis Kochert a arpenté le monde comme grand reporter de Los Angeles à Bagdad, de Belfast à Kinshasa, de Santiago du Chili à la bande de Gaza, de Tokyo à l’Amazonie. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages dont Témoins du Xxe siècle (Casterman, 1991) et Paroles de murs (Hoëbeke, 2003).
Photographe, il a consacré plusieurs expositions à Berlin où il fait des séjours réguliers depuis les années 80.
Président du festival international de théâtre Passages, conférencier, il est également membre de l’Académie nationale de Metz.