En 2020 et 2021, le photographe François Nussbaumer a arpenté le territoire français sur les traces des grandes affaires criminelles ayant eu lieu de la fin du XIXème siècle jusqu’à nos jours.
Sur place, il y a réalisé un paysage ce qui explique le titre de «Paysages intranquilles» emprunté pour partie à Fernando Pessoa.Un texte de Jean-Christophe Bailly accompagne ces photographies.
Le propos du photographe n’est pas de s’inscrire dans une forme de voyeurisme macabre mais de réaliser un travail photographique purement paysager convoquant une forme de double regard entre l’aspect calme, reposant et esthétique de ce paysage et le trouble persistant, la mémoire sordide et souillée de ce lieu. Et d’interroger le regardant / regardeur sur ce que peut-être une image et la lecture de celle-ci. En d’autres termes, «ce que vous voyez là n’est pas exactement ce que l’on vous montre».
«A première vue, ces images ne se distinguent pas d’un style de photographie de paysage aujourd’hui récurrent, que l’on pourrait caractériser à la fois comme documentaire et anti-pittoresque. Décevant les attentes de tout spectaculaire, il arrive toutefois que ce style aboutisse à des images d’un long retentissement. Cette idée, qui donne à ces images leur raison d’être, c’est que les lieux dont elles fixent l’apparence ont été sélectionnés en raison d’une marque traumatique qui les réunit et les force à comparaître comme des témoins .Il n’y a pas d’ “atmosphère” dans ces images dont l’intranquillité ne résulte d’aucune manipulation. Les regarder en passant bien sûr est possible, mais les contempler longtemps donne le vertige…Cette insistance et cette ténacité silencieuse de la photographie, il me semble que François Nussbaumer les revendique et que ses Paysages intranquilles sont aussi, par-delà tout ce qu’ils disent du monde et de l’état d’un pays, une défense et illustration de la prise photographique. Face à des images qui en font trop et à des commentaires qui surlignent le réel, ses images s’en tiennent à la pure énigme de ce qui est.» – Jean-Christophe Bailly