Publié à l’occasion de l’exposition au Musée Reattu (Arles) du 12 juin au 3 octobre 2021.
L’exposition intitulée Now is the Winter of our Discontent, « Voici l’hiver de notre colère », (première phrase du monologue du Richard III de Shakespeare, Acte I, scène 1), présente en une sélection de plus de 400 images appartenant à 9 séries, réalisées entre 1979 et 2020, une archive du monde (Albanie, Allemagne, Angleterre, Bosnie-Herzégovine, Espagne, Etats-Unis, France, Géorgie, Italie, Kazakhstan, Russie, Slovaquie, Suisse) un « état des choses».
Le musée Réattu accueille l’oeuvre du photographe Graziano Arici, né à Venise en 1949 et installé à Arles depuis 2012. Dès le début de sa carrière en 1979, en parallèle des commandes de reportages reçues pour de nombreuses agences photographiques et institutions vénitiennes, il a développé une production personnelle, exposée aujourd’hui pour la première fois. Revendiquant la démarche du photographe américain Walker Evans (1903-1975), photographie instantanée, sujets « pauvres », photographie sociale, « vernaculaire », il se rattache à cette photographie historique avec les moyens techniques du 21e siècle (téléphone portable, scanner, reflex numérique) en particulier dans ses séries en noir et blanc. Il produit des oeuvres d’une très haute qualité esthétique et technique, chargées d’émotions.
L’artiste porte un regard parfois ironique (série Caarnival), souvent acerbe voire inquiet, sur l’état du monde (The State of Things, Lost Objects, Heart of Darkness), sans complaisance (Le Grand Tour), plastique (Angels, Polaroids, The Winter of our Discontent). Il revisite le passé, le sien propre (Als das Kind Kind war), mais également sa production, puisant dans ses propres images parfois réalisées plusieurs dizaines d’années auparavant pour leur donner un nouveau sens au sein d’une série. Il pratique le « repêchage », menant un travail de collecte d’images (plaques de verre, négatifs anciens, images diffusées à la télévision) qu’il s’approprie (Angels, The Winter of our Discontent, Heart of Darkness).
Le photographe privilégie le format carré depuis ses recherches avec les polaroids dans les années 80 et ses travaux en moyen format. C’est aussi une démarche systématique depuis 2012, d’expérimenter quasi-immédiatement sur les réseaux sociaux ses travaux photographiques, sans recadrage automatique, qui le guide. Les prises de vue, que ce soit au téléphone portable ou au reflex numérique, sont ainsi faites directement dans ce format exigeant ; collectif sous la direction de Daniel Rouvier, préface de Patrick de Carolis, avant-propos de Paolo Molesini, photos en n.b. et en couleurs.