Publié à l’occasion de l’exposition à la Friche la Belle de Mai (Marseille) du 30 juin au 29 septembre 2019.
Installé au Brésil pendant plus de dix ans, Ludovic Carème commence par photographier la favela d’Agua Branca à São Paulo peuplée de travailleurs précaires. Puis, le photographe décide de faire à rebours le chemin de ceux qu’il a rencontrés dans cette favela. Il part voir là où cela commence, aux origines de l’exode, dans la luxuriance de la forêt amazonienne. En remontant le courant et le temps, Ludovic Carème arrive dans l’état d’Acre. Situé aux confins du nord-ouest, cette région est la dernière à avoir été intégrée au pays. Là vivent les seringueiros, les soldats du latex, « saigneurs de l’hévéa » et descendants des paysans du Nordeste, recrutés par le gouvernement durant la Seconde Guerre mondiale pour fournir l’armée américaine en caoutchouc.
Exploités par l’industrie agro-alimentaire, qui les pousse à déforester et à renier leurs origines indiennes, les familles vivent en ordre dispersé dans la forêt. Dans la touffeur, le photographe fait le constat de la déforestation mais saisit aussi l’intérieur des maisons, dans lesquelles pénètre une douce lumière, des corps au travail ou au repos, dans l’abandon d’une certaine torpeur. Plus loin, c’est l’exploitation de l’hévéa, le saignement du latex, des palmes qui se reflètent dans le rio, la mangrove qui envahit l’espace.
Immersion dans la forêt amazonienne, les images de Ludovic Carème restituent à la fois le mystère, la fascination et l’acuité du quotidien de ces Indiens ; préface et postface de Christian Caujolle et de Benjamin Seroussi, photos en n.b.
Ludovic Carème publie simultanément un deuxième ouvrage sur son travail au Brésil, São Paulo, donnant à voir la violence et la misère sociale de la favela d’Agua Branca et celles des sans-abris au milieu d’immeubles abandonnés en plein centre ville.