Séduite par la découverte de Moscou et l’esprit du peuple russe, la photographe suisse part sur les traces d’Anton Tchekhov ou à la recherche d’un décor d’Andreï Tarkovski. Elle s’imprègne de la beauté des lieux, bercée par la lenteur des anciens pétroliers qui naviguent sur la Lena. Elle embarque à Oust-Kout et descend le fleuve jusqu’à Yakoutsk. De ses voyages, elle rapporte des images qui évoquent la beauté d’un presque rien, l’attente avant la fête, le souvenir d’une rencontre.
En écho, l’écrivain Blaise Hofmann illustre en vingt-cinq poèmes un périple en Russie effectué en 2002. Ses mots dialoguent avec les photographies de Magali Koenig ; ils restituent le peu que l’on se sent être ? L’autre bout du monde, les surprises au contact d’une autre culture, à quel point le partage de pirojkis et d’une vodka unit.
Deux façons de sentir le temps s’étirer dans l’immensité russe.
1988 en Union Soviétique, Magali Koenig marche seule dans Moscou, trois jours avant de prendre le Transsibérien. Elle y voit des femmes et des hommes gris comme leurs manteaux, petites silhouettes qui marchent dans ces avenues si larges. Le Bolchoï avec son rideau lourd de centaines de marteaux et de faucilles brodées sur le velours rouge. Un restaurant pour les riches, avec un orchestre pour danser, dans les verres du vin rouge au goût de cerise, du champagne pour danser, de plus en plus vite pour ne plus penser au passé. Elle ne le sait pas encore, mais ces trois jours à Moscou vont déterminer le sens de ses voyages.
« Autour des photographies, il y a du bruit, des odeurs, des rencontres, des souvenirs et des petites histoires. »