La couleur dominante du nouveau livre de photographies d’Orhan Pamuk est le orange. Lorsque le romancier lauréat du prix Nobel a terminé son écriture de la journée, il prend son appareil photo et se promène dans les différents quartiers d’Istanbul. Il explore souvent les ruelles de sa ville natale, des zones sans touristes, des espaces qui semblent négligés et oubliés, lavés sous une lumière particulière. C’est la lumière orange des fenêtres et des lampadaires que Pamuk connaît si bien depuis son enfance à Istanbul il y a 50 ans, comme il le raconte dans son introduction. Pourtant, Pamuk observe aussi comment la douillette et chaleureuse lumière orange est lentement remplacée par une nouvelle lumière blanche, brillante et glacée des ampoules plus modernes. Ses promenades continues dans les ruelles consistent à enregistrer et à préserver l’effet réconfortant de l’ancienne, saisissant la disparition de la lumière orange, ainsi qu’à reconnaître cette nouvelle vision blanche. Qu’elle se reflète dans la neige foulée, concentrée comme une boule éblouissante sur un lampadaire, ou subtilement présente comme une brume diffuse, le orange donne littéralement et esthétiquement forme aux images de Pamuk, qui nous révèlent des coins invisibles de sa ville natale et à l’intérieur de l’esprit de cet artiste créatif ; introduction de Orhan Pamuk, photos en couleurs.
The dominant color in Orhan Pamuk’s new book of photographs is orange. When the Nobel-Prize-winning novelist is finished with a day’s writing, he takes his camera and wanders through Istanbul’s various neighborhoods. He often explores the backstreets of his hometown, areas without tourists, spaces that seem neglected and forgotten, washed in a particular light. This is the orange light of the windows and streetlamps that Pamuk knows so well from his childhood in Istanbul 50 years ago, as he tells in his introduction. Yet Pamuk also observes how the homely, cozy orange light is slowly being replaced by a new, bright and icy-white light from the more modernized light bulbs. His continuous walks in the backstreets is about recording and preserving the comforting effect of the old, disappearing orange light, as well as recognizing this new white vision. Whether reflected in well-trodden snow, concentrated as a glaring ball atop a lamppost, or subtly present as a diffuse haze, orange literally and aesthetically gives shape to Pamuk’s pictures, which reveal to us unseen corners of his home city and inside this creative artist’s mind.