Avec ses cheveux roux et son accent suédois, Oscar Gustaf Rejlander ne passe pas inaperçu parmi les photographes de Londres. Il a un penchant pour la réalisation d’autoportraits, si bien qu’il nous a laissé un témoignage important de son talent. Les premières années de son existence demeurent toutefois en grande partie un mystère. Son certificat de mariage indique qu’il vient de Suède et que son père, Carl Gustaf, est tailleur de pierre et soldat dans l’armée suédoise. D’après ses papiers de naturalisation en 1852, Rejlander déclare être né le 19 octobre 1813 et être arrivé en Angleterre en août 1838. C’est de toute évidence un artiste qualifié, même s’il est difficile d’en trouver confirmation dans sa biographie à partir des archives le concernant. Quoi qu’il en soit, une fois en Angleterre, après avoir appris les rudiments de la photographie auprès de Nicolaas Henneman, il se lance dans une carrière photographique où il contribue tant au développement technique qu’artistique de ce médium. Son chef-d’œuvre, Two Ways of Life (1857), devient l’une des œuvres les plus importantes et controversées dans l’histoire de la photographie. En 1862, Rejlander s’installe à Londres où il poursuit son activité de photographe tout en peignant et en réalisant quelques lithographies jusqu’à sa mort en 1875.
Si Rejlander est désormais considéré comme le « père de la photographie artistique », essentiellement en raison de ses apports à la technique de la combinaison d’impression, de même que pour ses « études artistiques » photographiques et ses scènes pleines d’humour et de genre, son travail n’a jamais fait l’objet d’une grande exposition présentant à la fois ses photographies et ses peintures. Ce catalogue, qui accompagne l’exposition qui débute à Ottawa à l’occasion du 205e anniversaire de la naissance de Rejlander, se propose d’examiner plus attentivement sa carrière et ainsi mieux appréhender la richesse de son travail avant et après Two Ways of Life.
Publié à l’occasion de l’exposition au Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa du 19 octobre 2018 au 3 février 2019 et au J. Paul Getty Museum de Los Angeles du 12 mars au 9 juin 2019 ; Textes de Lori Pauli(conservateur à l’Institut canadien de la photographie (ICP), Musée des beaux-arts du Canada), Karen Hellman (J. Paul Getty Museum), Jordan Bear (Université de Toronto), Phillip Prodger (ancien conservateur de la photographie à la National Portrait Gallery, Londres), photos en n.b., illustrations en couleurs.