Séparation entre deux mers, deux pays ou deux continents, le détroit est aussi un espace symbolique qui agit comme un lien, invisible mais puissant, entre les peuples et les cultures. Au moment où l’Europe s’interroge sur ses frontières, le photographe Sébastien Sindeu explore cet entre-deux, de l’infatigable activité maritime au rêve statique de ceux qui veulent atteindre l’autre rive. Ses images saisissent au plus près la vie dans les quatre détroits – Bosphore en Turquie, Gibraltar entre l’Espagne et le Maroc, Øresund entre le Danemark et la Suède et pas de Calais entre la France et l’Angleterre – et montrent les subtiles correspondances qui relient les portes maritimes de l’Europe.
Un texte littéraire d’Arno Bertina arpente en parallèle ces territoires, à la recherche d’une identité européenne recomposée au fil des errances.
« Le mot ‘détroit’ me faisait rêver, malgré étroit, et malgré détresse. Partir, quitter l’abri, la terre ferme et la mer intérieure, passer le goulot d’étranglement (vous trouviez abusif le mot ‘détresse’ mais maintenant que j’ai écrit ‘étranglement’ vous ne vous sentez pas très bien ?). » Arno Bertina