Antoine D’Agata : Index

Le journal intime du photographe lors de son voyage entre Paris et Marseille : une exploration des aires d'autoroutes, lieu d'errance, de prostitution et de drogue. Travail présenté en partie dans l'exposition "S'il y a lieu je pars avec vous", présentée au Bal, à Paris, du 11 septembre au 26 octobre 2014.

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Vous les peuplerez de qui vous voudrez, ces aires de repos. Chacun ses fantômes. En roulant on croit repérer des endroits, entrevoir des corps, deviner des échanges. L’autoroute est hantée, ça on le sait. L’autoroute fait surgir de la mémoire tout ce qui s’y était refoulé. Qui peut encore croire qu’il s’agit là d’un endroit neutre? D’un endroit inoffensif? L’autoroute est libératrice car on y laisse derrière soi les affaires que l’on voudrait fuir.
Mais pour Antoine d’Agata, l’autoroute est dangereuse pour le corps comme pour le cœur, car en descendant de Paris à Marseille c’est tout le roman familial qu’il fait remonter à la surface. Toute la confusion des dernières années, les regrets, les blessures, les chocs traumatiques refoulés qui explosent à la figure. L’autoroute devient une prolongation du journal intime. Le paysage, une extension du corps humain. Que le photographe prenne la route et aussitôt la route devient un territoire d’expérimentation sur lui-même, un miroir terrible, dans lequel il voit sa propre histoire et celle de ses ancêtres recommencer: un chemin de vie. Mais aussi l’odyssée à la portée de tous, à commencer par les caniches.
Le bus des Sex Pistols qui sillonnait en 1978 l’Amérique où le groupe tournait pour la première et dernière fois, affichait comme destination: Nowhere. Ça va nulle part. Ça fonce droit dans le mur. No destination home.
Pour la première fois depuis longtemps, il n’y avait personne sur les premières photos de route que nous avait envoyées Antoine d’Agata. La communauté des autoroutes, cette communauté qui vient, qui vient dans la bouche, qui vient dans la main, est maintenue hors-champ. Il n’y a plus que le rouge carmin d’une lumière sale, à force de mêler les couchers de soleils aux néons des lampadaires et aux phares des routiers. Des bords de routes devant lesquels s’ouvre le ciel jusqu’à la blessure. Open up and bleed.
Depuis, d’autres images sont arrivées. En noir et blanc, celles-là. Peuplées d’elle et de lui – son état à elle, ses silences à lui. Leur télescopage, leurs accidents. Les images couleurs, stables, immobiles, silencieuses, sont les gardiennes des photos noir et blanc, toutes explosées, toutes hurleuses, complètement blessées. Il y a dans l’opposition de ces deux séries d’images, les couleurs et les grises, tout ce que le paysage contient de puissance silencieuse et toute la rage au corps que l’humain ne sait plus, depuis longtemps, contrôler.

Voici le journal de nuits à rouler, l’inscription de souvenirs saisis dans des motels en bord de route, le journal d’un père au moment où, jeune homme, il quittait l’Italie pour venir s’installer à Marseille. Accolé à son journal à elle, livre de blessures qui s’ouvrent et saignent. Entre tout ceci, un peu de terre, un peu d’humus. Un territoire, malgré tout. Passé au tamis d’une question hantée: qui croit-on rejoindre en prenant la route sinon soi-même et le fantôme de soi-même plus jeune, soi-même enfant? Peut-on photographier avec les larmes aux yeux?
Il semblerait que oui. -Philippe Azoury

Poids 450 g
Dimensions 13,5 × 18 cm
Auteur(s)

Date d'édition

EAN

9791092265255

Editeur

Photographe

Spécifité

Ville

ISBN 9791092265255
Langue(s) français
Nombre de pages 256
Reliure Broché