“À force de voyager et de bouger tout le temps, j’ai décidé un jour, vers la fin des années soixante-dix, d’organiser mes photos et de les classer, en découpant les planches contact pour ne conserver que les meilleures, afin de les avoir toutes réunies pour un choix ultérieur. Sous chacune, j’ai inscrit le numéro du film, parfois le lieu et l’année… et je les ai rangées par pays ou par thèmes : un outil de travail passionnant et devenu essentiel me permettant efficacement de tout retrouver lorsqu’il s’agit de faire des tirages. Je m’en sers encore aujourd’hui, et il me permet de revoir les années passées, et le temps qui glisse si vite, doucement, l’air de rien.”
Comment travaille un artiste, quel outil s’invente-t-il ?
Et lorsqu’il s’agit du grand photographe Bernard Plossu, dont on connaît l’œuvre si souvent exposée et publiée, quelles sont les photographies arrivées jusqu’à nous, et quelles sont celles qui n’ont jamais quitté « l’album » finalement ?
En acceptant de nous confier ce précieux document, Bernard Plossu nous entrouvre la porte de son univers et nous offre de découvrir ou redécouvrir près de 30 ans de travail, un passionnant voyage à travers les thèmes qui lui sont chers, de ses débuts à la fin des années quatre-vingt.
De nombreuses pages nous entraînent sans surprise vers les villes et les pays que Bernard Plossu a documentés avec bonheur : le Niger, le Mexique, Paris, l’Espagne, Rome ou la Californie par exemple… mais on navigue aussi dans un classement plus insolite comme l’intrigant « absence-présence-silence-voyage en absurdie », le poétique « nature prisonnière », l’amusant « immeubles étroits » ou le facétieux « Self portraits »…