L’artiste suisse transcende la matière première avec laquelle elle travaille : des clichés standardisés de lieux hyper fréquentés qui alimentent les réseaux sociaux. À travers ces images, Corinne Vionnet interroge notre imaginaire collective et nos comportements touristiques.
Après s’être intéressée à de nombreuses destinations touristiques de part le monde, l’artiste s’est concentrée sur Paris, une des villes les plus visitées et donc les plus photographiées. Au-delà de la tour Eiffel, elle a trouvé bien d’autres sites et monuments qui alimentent un flot incessant d’images sur la Toile. D’où le nom « Paris » répété trois fois, comme une boucle sans fin.
Dans ce projet de livre, l’artiste présente les œuvres de la série Paris Paris Paris de façon tout à fait originale. Elle les met en scène à l’aide de deux contrepoints graphiques qui offrent plusieurs clés sur sa démarche et son sujet. Des silhouettes s’empilent sur les pages, une double impression sur le même papier vise à augmenter l’effet de chaos. L’artiste réussit à nous entraîner dans une déambulation poétique dans Paris tout en rendant palpable, par sa science de la superposition, l’abondance et la répétition des images, qui génèrent un mimétisme sans fin. Nous reconnaissons toutes les stations de cet itinéraire ponctué de monuments aux formes évanescentes mais reconnaissables entre toutes (Arc de Triomphe, Moulin-Rouge, Montmartre). Nous longeons aussi les quais de Seine et traversons quelques jardins baignés par la même atmosphère brumeuse. Tous ces lieux apparaissent aussi étrangement débarrassés des touristes qui d’ordinaire les peuplent. Leurs silhouettes se sont dissoutes dans l’accumulation des images nécessaires à l’élaboration de chaque composition.
After studying several destinations, the artist turned her attention to one of the most photographed cities, and found numerous sites and monuments that feed an uninterrupted flow of images. The Swiss artist transforms the raw material she works with: standardized snapshots of hyper-frequented places that feed social networks. Her images, which reveal nothing of the considerable work involved in their creation (archive research, crowdsourcing and collage), question our collective memory and tourist behavior. Why do we always take and share the same images?