La crise des subprimes aux États-Unis, qui a pris ses racines dans les dernières années du Xxe siècle, a révélé des faiblesses omniprésentes dans la réglementation de l’industrie financière et du système financier mondial. À la fin de 2008, alors que les retombées de la crise se faisaient de plus en plus sentir, Edgar Martins a été chargé par le New York Times Magazine de photographier à travers les États-Unis dans huit États différents et dans seize endroits différents. Ces sites soigneusement étudiés ont mis en évidence l’ampleur et l’impact de la crise sur l’industrie de la construction américaine. Martins a abordé le projet comme une intervention photographique dans une crise et les images qui en résultent vont au-delà de la pure enquête formelle ou de la documentation. Son intérêt était de convoquer une conjonction inquiétante de réalisme et de fiction en coupant dans le réel. Comme le dit l’écrivain Jacques Ranciére, le réel ne peut être déchiffré et compris que s’il est d’abord romancé. Et donc le réel doit être transformé pour être compris. Les maisons représentées dans cette série ne se réfèrent pas seulement au particulier. Ce sont des images d’assemblages spatiaux, de types de scènes sur lesquelles un certain nombre de récits très différents (et peut-être incompatibles) pourraient être édictés. Ces images, ces maisons, ces ruines, nous renvoient les constructions humaines que nous projetons et que nous leur imposons. This Is Not A House émerge précisément à ce moment où les mots clairs faiblissent, où le langage est perturbé. Le sens du monde n’est plus porté à sa surface, s’il l’a jamais été ; textes de Sacha Craddock et Peter D.Osborne.
The US subprime mortgage crisis, which had its roots in the closing years of the twentieth century, exposed pervasive weaknesses in the regulation of the financial industry and the global financial system. At the end of 2008, as the fall-out from the crisis became increasingly widely felt, Edgar Martins was commissioned by the New York Times Magazine to photograph across the US in eight separate states and across sixteen different locations. These carefully researched sites exposed the extent and impact of the crisis on the US construction industry. Martins approached the project as a photographic intervention into a crisis and the resulting images go beyond pure formal investigation or documentation. His interest lay in summoning a disquieting conjunction of realism and fiction by cutting into the real . As the writer Jacques Ranciére states, the real can only be unravelled and understood if it is first fictionalised. And so the real must be transformed to be understood. The houses depicted in this series do not refer to just the particular. They are images of spatial assemblages, of kinds of stages on which a number of quite different (and perhaps incompatible) narratives might be enacted. These images, these houses, these ruins, reflect back at us the human constructs that we project and impose on them. This Is Not A House emerges precisely at that juncture where clear words falter, where language is disturbed. The meaning of the world is no longer carried on its surface, if indeed it ever was ; essays by Sacha Craddock and Peter D.Osborne.