Entre 2020 et 2022, le photographe a exploré les traces de la guerre des Balkans provoquée par le projet nationaliste de la Grande Serbie et menant au massacre de Srebrenica. Il explore les différents aspects des survivants du siège de Sarajevo et de l’épuration ethnique de la région de Prijedor, documentant les lieux et les acteurs des drames passés.
Tel un anthropologue de la mémoire, il a documenté, sur les lieux mêmes où les événements se sont déroulés, la mémoire vivante de la guerre au contact des témoins survivants.
Ce travail au long cours dresse le portrait d’une société bosnienne traumatisée par l’héritage de la guerre et qui, en l’absence de vérité historique, court le risque de la voir réapparaître. À l’aune du retour de la guerre en Europe et de la résurgence des nationalismes, ce livre offre un éclairage essentiel sur les risques que l’instrumentalisation des mémoires de la guerre fait peser sur la paix.
Le photographe Fabrice Dekoninck nous emmène en immersion dans la mémoire de la guerre en Bosnie-Herzégovine, à la rencontre des témoins et des survivants et documente son impact sur la société bosnienne d’aujourd’hui.
Obsédé par les traces, il a ainsi arpenté pendant près de trois ans, de 2020 à 2022, les sites mêmes où les crimes furent commis, sites de détention, d’exécution et anciennes fosses communes. Son travail s’apparente à celui d’un anthropologue de la mémoire. Il s’inscrit avec ce livre à l’épicentre de l’essence même de la photographie : rendre visible l’invisible, et essaie de lutter, photos à l’appui, contre le révisionnisme et le négationnisme.
« Je me souviens de mon premier voyage à Srebrenica, en février 2020. Avant même d’arriver dans la ville, je suis sidéré par le paysage qui défile sous mes yeux. Partout, les stigmates de la violence et de la haine. Je m’étais longuement préparé pourtant. J’avais lu les récits des témoins et m’étais plongé dans les archives du tribunal pénal international. Rien cependant ne pouvait me préparer à la confrontation avec la réalité crue du génocide. Je ressens tout, la haine des assassins et la souffrance des victimes. Tout ici est latent, palpable, horriblement présent. »
La plupart des photographies ont été réalisées en argentique couleur et noir & blanc (24×36 et moyen format), autour de trois grands axes géographiques : Srebrenica, Kozarac/Prijedor et Sarajevo.
« En 1992, un jeune Bosnien, Arman Soldin, était évacué de Sarajevo dans l’avion présidentiel français pour échapper au siège de la ville. Entré à l’Agence France-Presse en 2015, il a été tué près de Bakhmout, par les forces russes, le 9 mai 2023. Cet épisode tragique symbolise l’écho des guerres de Yougoslavie qui se fait entendre en Ukraine. Le travail de Fabrice Dekoninck est un hommage à tous les reporters de guerre, dont le travail est indispensable aux citoyens mais aussi aux historiens. En montrant la réalité humaine de la guerre, il montre l’inhumanité de celle-ci. Nombre des photographies présentes dans ce volume pourraient d’ailleurs avoir été prises il y a quelques semaines ou quelques mois en Ukraine. » Bruno Tertrais, extrait de la postface du livre Between Fears and Hope ; préface de Fabrice Dekoninck et Philippe Simon (ancien correspondant de guerre français qui a partagé la vie quotidienne d’une famille bosniaque à Sarajevo pendant toute la durée du siège), postfaces de Nicolas Moll (historien) et Bruno Tertrais (directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et conseiller géopolitique à l’Institut Montaigne), entretien avec Jean-René Ruez (commissaire de police chargé de conduire l’enquête sur les soupçons de crimes contre l’humanité à Srebenica), témoignage de Azra Muranovic (J’avais 5 ans en 1992), photos en n.b. et en couleurs.