Le 25 juin 1937, à la veille de ses vingt-sept ans, Gerda Taro, reporter photographe, est tuée sur la route de Madrid, alors qu’elle vient de couvrir les violents combats de Brunete.
Qu’est-il resté de celle que les soldats républicains appelaient la pequeña rubia, cette jeune femme si séduisante, si légère, dont le poète espagnol Rafael Alberti disait qu’elle avait « le sourire d’une jeunesse immortelle » ? Pendant des années, son souvenir n’a survécu que dans l’ombre de celui de Robert Capa, « le plus grand reporter de guerre de tous les temps », dont elle avait été la compagne.
Partir aujourd’hui à la recherche de Gerda Taro et de son œuvre longtemps disparue, ce n’est pas seulement faire revivre une ombre. C’est, à travers le portrait d’une artiste qui affrontait tous les dangers armée de son seul appareil photo, convaincue de participer à la construction d’un monde meilleur, remonter aux origines du photo-reportage tel qu’elle et ses amis (Capa, David Seymour, André Kertész et bien d’autres) le concevaient. C’est s’interroger sur le sens de la photo prise comme une tentative de langage universel. C’est, en suivant l’itinéraire d’une femme belle, libre, engagée, retrouver les formidables espoirs et les terribles angoisses des années qui ont précédé la Deuxième Guerre mondiale ; photos en n.b.