On y trouve :
– des photos dites « de portefeuille », des photos de famille prises dans le pays d’origine, attendant d’être copiées et parfois colorisées par le studio ;
– des photos d’identités prises pour des raisons administratives telles que la demande de permis de séjour ;
– des photos de studio, dans le style des photographies de Malick Sidibé, prises en France pour être envoyées aux proches restés au pays.
Ces photos sont restées dans les archives de la boutique, les migrants n’ayant souvent pas le temps de venir les chercher avant de quitter la ville, pressés par une offre d’embauche autre part en France.
La juxtaposition, la sélection et l’assemblage des 700 photographies, ainsi que les témoignages recueillis par l’auteure Souâd Belhaddad, proposent plusieurs points de vue qui se superposent, troublant la frontière entre le public et le privé, entre l’histoire de ces hommes et femmes en transit et celle d’un pays : une photographie administrative qui dévoile pourtant l’intime des visages en plan serré, une photographie de représentation, en pied, valorisante mais dont la mise en scène répétitive au fil des photos en montre la fragilité, et une photographie de l’intime, que l’on copie et modifie pourtant.
Ne m’oublie pas retisse en creux le dialogue rompu entre les deux rives de la Méditerranée en mettant en regard les photos apportées du pays d’origine et, en retour, celles prises en France à destination des proches restés au pays ; texte de Souâd Belhaddad, photos en n.b.