Quand Olivier Christinat, lauréat du prix Alfred Latour 2021, explore les frontières de l’image, le texte apparaît. Ou peut-être est-ce l’inverse : l’écriture contamine les images. Dans Pas un jour sans une nuit, des textes emblématiques – L’Ancien Testament en hébreu, L’Énéide de Virgile en latin, La Divine Comédie de Dante en italien et La Métamorphose de Kafka en allemand – sont reproduits intégralement, mais paradoxalement presque invisibles : ils imposent un autre type de lecture, celle d’une image, d’une texture. Cette nouvelle façon de regarder modifie alors notre perception des images photographiques, qui révèlent d’étonnantes correspondances.
Tout est ici affaire de distance, de trouver le juste écart entre soi et le monde. Un double mouvement, pourrait-on dire, de révélation et d’opacité, de figuration et d’abstraction, un va-et-vient continu entre deux perceptions possibles du monde : l’une narrative, descriptive, au plus près de détails du sensible ; l’autre faite de nuances et de cadences, perçue de si loin qu’on ne verrait plus que des formes vibrantes. Pas d’effets ou de maniérisme ici mais une certaine façon de voir ; préface de Julie Enckell Julliard, photos en n.b. et en couleurs.
Le prix Alfred Latour célèbre tous les deux ans un artiste dont l’univers et les modes d’expression prolongent les champs qu’Alfred Latour a explorés dans au moins deux des disciplines qui furent les siennes : la peinture, la gravure, la photographie et le design des tissus.