En décembre 1980, Philippe Graton, dix-neuf ans, est appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire. Il est incorporé au 8ème régiment d’infanterie à Noyon, dans l’Oise.
Pendant un an, il ne se séparera pas de son appareil photo (argentique à l’époque) et saisira des instantanés de sa vie d’appelé du contingent.
À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la disparition du service militaire, ces photographies inédites ont été rassemblées dans cet album, témoignage exceptionnel sur cette institution qui marqua la vie des français depuis sa création à la Révolution Française jusqu’à son abolition par Jacques Chirac ; photos en n.b.
“Afin de comprendre les choses, saisir leur nature profonde, il faut que je les photographie ; les personnes, le monde qui m’entoure. J’ai commencé à l’âge de douze ans et n’ai jamais arrêté. Le jour où, à dix-neuf ans, on m’a mis un uniforme, mon appareil photo passa naturellement de la poche de mon jeans à celle de mon treillis. C’était en 1980.
Pendant mes douze mois de service militaire, j’ai photographié ma vie d’appelé. Du moins, quand je le pouvais — je ne veux pas dire quand j’en avais le droit, car c’était interdit, mais quand le moment s’y prêtait. Pas si souvent que ça, à voir la maigre moisson d’images pour une année entière. C’est qu’à l’armée, on a souvent les mains prises. Quant à la tête, n’en parlons pas.
Ce n’est donc pas un reportage ; il serait incomplet, tant manquent des aspects de ce qu’était le service militaire. Ce n’est pas non plus un travail documentaire, car il n’y a ni propos, ni angle, ni écriture. Ni reportage, ni documentaire, ce travail doit être pris pour la seule chose qu’il est : une trace. L’empreinte d’instants de vie d’un appelé. Un témoignage fragmentaire de ce moment qui constitua, deux siècles durant, une étape marquante de la vie de chaque garçon, un rituel de passage à l’âge adulte, une émancipation en même temps qu’un assujettissement à l’autorité.” […]