En juin 1954, Agnès Varda ouvre les portes de sa maison rue Daguerre pour présenter, dans sa cour, à même les murs, un choix de portraits, nus, natures mortes. Sa rue et ses voisins sont des sujets privilégiés, comme Alexander Calder, rencontré grâce à Jean Vilar. Les visiteurs découvrent des images frappantes par leur style, annonciatrices de l’esthétique de toute une carrière.
Transparaissent déjà son humour et son amour des mots ; la personnalisation d’objets du quotidien à travers ce qu’elle nomme ses « drôles de gueules » ; la patate en forme de cœur presque cinquante ans avant son documentaire Les Glaneurs et La Glaneuse ; les premières images de Sète où la photographe discerne des lignes de force, agence les perspectives, joue avec les formes et les textures jusqu’à la limite de l’abstraction. Agnès Varda nous incite à découvrir ce qu’elle voit de ses « yeux curieux ».