Avec La Pointe-Courte, Agnès Varda produit en 1954 un film radical alternant un style graphique et réaliste qui n’a pas échappé aux cinéphiles avertis de l’époque. Le film arbore une indépendance artistique qui rompt avec les codes du cinéma de son temps au point d’être qualifié de précurseur de la Nouvelle Vague.
Pour préparer son film, la jeune femme entreprend une sélection minutieuse de ses photographies, parmi les quelque 250 vues prises à Sète entre 1952 et 1954. Elle constitue ainsi neuf planches de photographies de références et de repérage qui lui inspirent des scènes, des atmosphères et même des plans fixes du film, qu’elle détaille dans un scénario rédigé avec soin. Il n’est pas ici question de photographies de plateau ou de tournage mais bien de ce qui a préexisté à l’idée du film ou participé à sa conception. Ses sujets et motifs de prédilection sont encore confirmés par la redécouverte de tirages d’époque ou tardifs, reflets de ses préférences et révélateurs d’une vision.