Exemplaire Signé / Signed Copy.
1ère édition tirée à 300 exemplaires.
1st edition of 300 copies.
La narration la plus rhétorique et la plus choquante chercherait en quelques mots à embellir le chagrin d’une mère, elle s’attarderait sur l’impuissance frénétique du père, sur la frénésie des médecins et leur recherche d’un petit miracle comme les prêtres d’un culte rationaliste. Et sur le soulagement de ce premier souffle.
Mais elle négligerait la protagoniste fondamentale, le nouveau-né, comme si son état émotionnel non développé pouvait la rendre immunisée contre les changements d’un monde encore inconnu, qui la laissait attendre sur le seuil de la vie pendant cinq minutes interminables.
Still Birth n’est pas seulement un livre, c’est le résultat d’une empreinte visuelle, d’un limbe qui a laissé une cicatrice sur le subconscient d’une enfant. Elle a décidé d’attendre de l’autre côté avant de revendiquer son existence.
Ces pages tentent de reconstituer l’ensemble d’une femme de presque trente ans, qui ne se souvient pas de cette enfant mais sent une énergie terrestre qui coule à travers elle. Celle que les espagnols appellent Duende et que Garcia Lorca a décrit ainsi:
« Le Duende appartient à quelques personnes. C’est l’énergie de la Terre. Il est connu pour brûler votre sang comme un tropique fait de verre, qui consomme ou rejette la géométrie douce que nous avons appris. Il perturbe les styles que nous connaissons; il s’appuie sur une douleur humaine accablante. »
Dans cette agitation, Still Birth prit forme.
Dès les premières fondations narratives, habitées par des paysages immobiles, par des panoramas rocheux- par le Duende, en effet, que dans ces cinq minutes nichées à l’intérieur de son- Chiara Ernandes a continué son errance incessante. Dans ces paysages suspendus, une autre narration trouve des racines, celle de son Moi Intérieur.
Still Birth est devenue la reconstruction de son passé, à partir d’un épicentre, sa “non-naissance”, pour arriver à se comprendre et à comprendre ses images.
Objets de famille, images d’archives, symbolisme suggestif et poétique, dossiers médicaux de sa naissance, tous ces instruments contribuent à étendre ces cinq minutes, les transformant en un point de départ narratif fondamental, autour duquel toute l’existence de l’auteur tourne.
Son existence se définit aussi par la recherche incessante de sa propre image.
Chiara Ernandes s’attarde sur son visage et ses détails, comme si elle essayait de le revendiquer comme le sien, comme si elle sentait qu’il ne lui appartenait pas vraiment. Elle en prend aussi des photos obsessionnelles, les compare à celles de ses parents et les fait fondre dans la lumière. Jusqu’à ce que son visage devienne un masque, sculpté à la craie, le transformant en effigie, une sculpture immunisée contre le passage du temps.
Créer un masque avec ses propres traits peut évoquer des traditions ancestrales et brumeuses. Mais le masque de Chiara Ernandes n’est pas un masque funéraire, c’est l’héritage d’un papillon complètement changé en quittant son cocon. C’est peut-être la valeur profonde de Still Birth. Avant d’être une recherche poétique du passé de Chiara, de la célébration de marcher sur la terre, c’est la fin d’un voyage. C’est un rite de passage où l’auteure recueille et condense son être tout en l’élargissant et en l’absorbant.
De cette façon, elle se prépare à marcher. -Francesco Rombaldi
The most rhetoric, shocking narration would spend some words embellishing the grief of a mother, It would linger on the frantic father’s powerlessness, on the doctors’ frenzy and their search of a small rationalistic miracle as priests of a rationalistic cult. And on the relief of that first breath.
But it would neglect the fundamental protagonist, the newly born baby, as if her unripe emotional state could make her immune from the changes in a still unknown world, which let her keep waiting on the threshold for five interminable minutes.
Still Birth is not only a book, it’s the result of a visual imprinting, of a limbo that left a scar on a child’s subconscious mind. She decided to wait on the other side before staking her claim to exist.
These pages try to rebuild the whole of an almost thirty-year old woman, who doesn’t remember that child but feels an earthy energy flowing through her. The one that the Spanish call Duende and Garcia Lorca described like that:
“The Duende belongs to a few people. It’s the energy of the Earth. It is known to burn your blood like a tropic made of glass, which is consuming or rejecting the sweet geometry we were taught. It disrupts the styles we know; it leans on human overwhelming sorrow.”
In this restlessness Still Birth took shape.
From the first narrational foundations, inhabited by motionless landscapes, by rocky panoramas- by the Duende, indeed, that in those five minutes nested inside her- Chiara Ernandes has continued her ceaseless wandering. In those suspended landscapes, another narration found roots, the one of her Inner Self.
Still Birth has become the reconstruction of her past, starting from an epicentre, her Non-Birth, to get to understand herself and her imagery.
Family objects, archive images, suggestive and poetic symbolism, her birth’s medical records, all these instruments contribute to expanding those five minutes, turning them into a fundamental narrative starting point, around which all the author’s existence is revolving.
Her existence is also defined by the ceaseless search of her own image.
Chiara Ernandes lingers on her face and its very details, as if she were trying to claim it as her own, as if she felt it didn’t really belong to her. She also takes obsessive pictures of it, comparing it with her parents’, melting it into light. Until her countenance becomes a mask, carved in chalk, turning it into an effigy, a sculpture immune to the passage of time.
To create a mask with one’s own features can evoke ancestral, hazy traditions. But Chiara Ernandes’s mask is not a funerary one, it’s an utterly changed butterfly’s legacy while leaving its cocoon. Perhaps this is the deep value of Still Birth. Before being a poetical search of Chiara’s past, of the celebration to walk on the earth, it’s the end of a journey. It’s a rite of passage where the author collects and condense her being while expanding and absorbing it.
In this way she’s getting ready to walk on. -Francesco Rombaldi