Étudiant en commerce international et en langues étrangères, Jean-Félix Fayolle réalise un an d’échange universitaire à San Luis Potosí en 2006-2007 pour terminer sa licence. Un peu par hasard, il s’installe dans le quartier populaire de Pavón, en périphérie de la capitale Potosina préférant cette ambiance à celle aseptisée des quartiers huppés derrière leurs hauts murs et leurs fils barbelés.
Il commence à rencontrer des bandes, à se lier d’amitié avec elles et à les photographier, puis alterne séjours en France et au Mexique pour continuer son travail. Au fil du temps, il est témoin de l’explosion de la violence et de l’insécurité liées au narcotrafic, tout comme les ravages des drogues et notamment du crystal meth sur ces vies fragiles.
Ce sujet de cette jeunesse oubliée est donc la raison pour laquelle il décide d’emblée de troquer sa casquette d’économiste contre celle de reporter photographe. « Mais comment montrer ces images, quelles images et pourquoi ? Qu’est-ce que je veux raconter ? Des choses positives, négatives, les deux ? Éviter les clichés et surtout respecter les personnes photographiées, et ce pays tout entier. » Car au début, comme quiconque, il flashe sur les stéréotypes : la drogue, les tatouages, les armes… Mais il s’en détache au fur et à mesure, ces clichés n’étant finalement pas la représentation la plus objective de cet univers. « Ce qui m’anime, c’est de pouvoir continuer à témoigner de ces réalité ce quotidien qui devient de plus en plus complexe tout en respectant au plus juste la dignité et la parole des personnes rencontrées. »
Avec un suivi régulier depuis près de 15 ans, Jean-Félix Fayolle partage une partie de cette expérience à travers son livre HECHO EN BARRIO. Il compile différentes tranches de vie et thématiques, représentatives du quotidien de toute une génération, d’une jeunesse de San Luis Potosí sur fond de fêtes religieuses comme celles de la Vierge, de San Judas Tadeo ou de la Santa Muerte, et de funérailles aussi, avec l’escalade de la violence liée à la guerre contre le narcotrafic. « J’espère que ce travail permettra de mieux comprendre le quotidien des jeunes au Mexique, nés dans un quartier populaire, laissés en marge de la société de par leur apparence physique et leur milieu social dans un contexte miné par l’hyperviolence. »