« Deux pattes annoncèrent son retour. L’une avait été déposée dans un sac plastique accroché à la grille du cimetière. L’autre, suspendue au seuil de la mairie. Elles appartenaient au même animal. Quelques jours auparavant, un troupeau de brebis avait été attaqué. On a su alors, que la bête était de retour.
J’ai croisé la foulée rompue d’Oreille coupée, alors que j’étais assis dans la grande salle de lecture des Archives départementales. Une louve. L’une des dernières de son espèce avant la longue absence. Je manquais probablement d’imagination, car je ne soupçonnais pas que l’animal puisse s’extirper de la légende pour revenir habiter nos terres. Pourtant, chaque jour le loup disperse. Hier là-bas, aujourd’hui ici.
De la maison, je regarde la forêt qui descend doucement à la rivière. Quelque chose est en train d’advenir, quelque chose d’indéfinissable et d’invisible. Un imprévu se faufile. »
Sous la forme d’une enquête écologique et sociologique, Oreille coupée pénètre le bois, en suit l’orée, cette frontière que le paysan dispute aux bêtes sauvages.