Michella Bredahl a grandi dans un quartier de logements sociaux en périphérie de Copenhague, avec sa mère célibataire et sa sœur cadette. Très jeune, les deux sœurs ont été confrontées à l’addiction de leur mère, ce qui les a profondément marquées. Dans Rooms We Made Safe, Bredahl revisite le terrain de son enfance — autrefois un espace dangereux — et le réinvente comme une expression artistique puissante. À la manière d’un écrivain avec son stylo, elle transforme son appareil photo en un instrument capable de relier passé et présent, sujet et objet.
Rooms We Made Safe est le deuxième livre de la photographe en pleine ascension Michella Bredahl, après Love Me Again (2023), aujourd’hui épuisé. Rooms We Made Safe est une collection brute et magnifique de photographies, de textes autobiographiques et littéraires, un livre intime qui couvre plusieurs décennies de création, depuis les images prises avec l’appareil de sa mère jusqu’aux photographies réalisées pendant son enfance avec celle-ci. Le livre tisse ensemble le travail actuel de Bredahl — des portraits intimes pris dans l’espace personnel de ses modèles — des autoportraits, les photographies de sa mère, leurs écrits, ainsi qu’un texte de Stephanie LaCava.
Au cœur de l’ouvrage se trouve le dialogue entre la mère et la fille, un dialogue qui se déploie à travers leurs photographies et leurs mots. Ce qui commence comme un acte créatif partagé devient peu à peu plus complexe, à mesure que la mère, autrefois derrière l’appareil, sombre de plus en plus dans l’addiction. Les images portent le poids de l’absence, de la tension, et du chagrin de voir disparaître quelqu’un : quelqu’un que l’on peut voir mais que l’on ne peut plus retenir. Elles montrent aussi comment un appareil photo peut devenir un outil de survie. À travers les yeux d’une enfant, certaines photographies révèlent une fragile danse entre l’amour et la perte, retraçant l’ombre de l’addiction sur le visage de la mère et dévoilant la lumière persistante de l’enfance. Dans son travail, Bredahl réimagine la souffrance avec compassion. Le dialogue continue, fragmenté mais persistant, maintenu par les actes de regarder, de se souvenir et de pardonner. Ce ne sont pas seulement des photographies : ce sont des espaces émotionnels superposés de mémoire, de désir et de survie. Le livre explore comment des lieux autrefois marqués par l’instabilité, l’addiction et le silence peuvent être réappropriés par la tendresse et l’acte de regarder. Intérieurs domestiques, corps féminins et liens familiaux s’y déploient avec une honnêteté sans compromis. Les photographies et les écrits de Bredahl sont façonnés par l’expérience vécue, par les frontières floues entre amour et blessure, exposition et protection. Rooms We Made Safe n’est pas une conclusion mais une continuation : du regard de la mère, du regard de la fille, et d’un héritage porté par la lumière. Cet héritage nourrit aussi le travail actuel de Bredahl — mettant en scène des fratries dans une chambre, des pole-danseuses chez elles, des amies dans leur chambre — autant de sujets qui témoignent de la puissance et de la solidarité féminines, rendus dans un style photographique unique célébrant l’expressivité du médium analogique ; textes de Stephanie LaCava, Michella Bredahl et Maria Bredahl.
Michella Bredahl grew up in a social housing district on the outskirts of Copenhagen with her single mother and her younger sister. At a young age the two sisters were confronted with their mother’s addiction, which had a deep impact on them. In « Rooms We Made Safe » Bredahl revisits the terrain of her youth, once a dangerous space, and reimagines it as a powerful artistic expression. Like the writer’s pen, the turns her camera into a powerful instrument that can bridge past and present, subject and object.
Rooms We Made Safe is the second book of the rising star Michella Bredahl, after the now sold out Love Me Again (2023). Rooms We Made Safe is a raw and beautiful collection of photographs and autobiographical and literary texts, an intimate book that spans decades of photography, beginning with the photographs made with the artist’s mother’s camera and the photographs she created in childhood together with her mother. The book weaves together Bredahl’s current work – intimate portraits taken in the sitter’s personal space – self-portraits, her mother’s photographs, and their writing, together with a text by Stephanie LaCava.
At the heart of the work is the dialogue between mother and daughter, one that unfolds through their photographs and writing. What begins as a shared creative act gradually becomes more complicated as the mother, who was once behind the camera, falls deeper and deeper into addiction. The images bear the weight of absence, tension, and the grief of watching someone disappear: someone you can see but cannot hold. They also show how a camera can be a tool for survival. Through a child’s eyes some of these photographs lay bare a fragile dance between love and loss, tracing the shadow of addiction across the face of the mother and revealing the enduring light of childhood. In her work Bredahl re-imagines suffering with compassion. The dialogue continues, fragmented but persistent, held together by acts of looking, remembering, and forgiveness. These are not just photographs: they are emotional spaces layered with memory, longing, and survival. The book explores how places once marked by instability, addiction, and silence can be reclaimed through tenderness and the act of looking. Domestic interiors, female bodies, and familial ties unfold with unapologetic honesty. Bredahl’s photographs and writings are shaped by lived experience, by the blurred lines between love and harm, exposure and protection. Rooms We Made Safe is not a conclusion but a continuation: of a mother’s gaze, a daughter’s gaze, and a legacy held in light. This legacy also informs Bredahl’s current work – with subjects of siblings in a room, pole-dancers in their homes, friends in their bedrooms – which all testify to the power of the female bond and strength, all rendered in a unique photographic style, celebrating the expression of the analogue medium ; texts by Stephanie LaCava, Michella Bredahl, and Maria Bredahl.




















