1ère édition tirée à 500 exemplaires dont 350 en édition standard.
Le nom allemand Heimat n’a pas d’équivalent exact en français. C’est une référence oblique à l’endroit où vous êtes né, où vous vous sentez chez vous. C’est une sorte de lieu émotionnel auquel vous appartenez, plutôt que n’importe quel espace géographique. Le travail de Carlo Rusca peut être un exemple de Heimat. Juste peut. Parce qu’il l’appelle Turistica. Ce qui est autre chose, quelque chose avec d’autres implications. Pourtant, ses photographies en noir et blanc raffinées, les détails d’une vie qui se réfléchit sur elle-même, pointent dans une direction qui parle du besoin d’enquêter sur ses racines et du désir de reconnaître.
Tout a commencé vers 2010, lorsque Carlo Rusca a quitté Locarno, où il vivait depuis l’enfance, pour aller étudier à Lugano. Après l’école, il a travaillé à Hambourg puis au Brésil. En 2016, le retour dans son pays d’origine lui a apporté une réalité qu’il connaissait bien mais dont il se souvenait différemment. Lieux auxquels – de son propre aveu – il se sentait volontairement et involontairement profondément lié. Il est retourné vivre dans la maison familiale et a fait face à la désorientation de faire face aux habitudes d’une vie qu’il connaissait mais qu’il ne reconnaissait plus. À présent, il avait d’autres souvenirs, d’autres expériences et un autre style de vie. La photographie devait devenir le moyen de tenter son voyage à la recherche de racines possibles, et de retourner dans des lieux autrefois familiers.
Son insomnie était adaptée aux itinéraires nocturnes, et le monochrome des ténèbres au travail en noir et blanc, avec une caméra qui exigeait encore l’anachronisme du film. Sans projet, mais simplement la nécessité de rétablir un équilibre qui permette un dialogue entre le passé et le présent. Les poèmes de Vittorio Sereni l’ont amené à réfléchir sur la perception des lieux, sur la relation entre les lieux et son propre questionnement. Il se souvient que sa photographie de nuit à travers Locarno, entreprise avec la curiosité d’un flâneur flânant parmi les traces du souvenir, n’avait pas d’objectif particulier. Ce n’était rien de plus qu’un rendez-vous thérapeutique incontournable.
En trois ans, ses images ont atteint ce qu’on appelle le projet de la forme longue. L’objectif qui n’avait pas été fixé a été atteint et tous les travaux sont soumis à un processus d’édition rigoureux. Ses images utilisent un langage direct, descriptif et poétique qui nous oblige à nous poser des questions, à partager les émotions des autres que nous reconnaissons comme les nôtres. Turistica est devenu un livre qui nous accompagne dans un voyage vers un Locarno privé et périphérique, où rien ne se passe, où tout peut arriver et qui n’est peut-être même pas Locarno. On est introduit dans une sorte de rêve peuplé de brouillard, d’animaux inattendus, d’architecture anonyme, de quelques présences amicales et d’objets intemporels. La photographie raffinée et raréfiée de Carlo Rusca travaille la mémoire et génère de nouveaux souvenirs. Ce qui à son tour crée la possibilité pour l’auteur et nous, ses lecteurs, de nous reconnaître dans un Heimat différent et possible. -Giovanna Calvenzi
The German noun Heimat has no exact equivalent in English. It is an oblique reference to the place where you were born, where you feel at home. It is a sort of emotional place where you belong, rather than any geographical space. Carlo Rusca’s work may be an example of Heimat. Just may. Because he calls it Turistica. Which is something else, something with other implications. Yet his refined black and white photographs, the details of a life that reflects on itself, point in a direction that speaks of the need to investigate one’s roots and the desire to recognize.
It all started in around 2010, when Carlo Rusca left Locarno, where he had lived since childhood, to go and study in Lugano. After school, he worked in Hamburg and then in Brazil. In 2016 the return t