Qui connaît Bhopal, la Bagdad de l’Inde, pour ses magnifiques mosquées ou ses palais d’un autre âge ? Dans l’imaginaire collectif, Bhopal, depuis décembre 1984, n’est plus que la ville du pire désastre industriel de l’histoire. Une catastrophe qui commence dans le silence d’une nuit d’hiver. Ça ne fait pas de bruit un nuage toxique qui s’échappe d’une usine, fut-elle installée au cœur de quartiers populaires et à immédiate proximité de bidonvilles qui fournissent une main-d’œuvre bon marché.
En une nuit, et dans les quelques jours qui ont suivi, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui vont mourir dans d’horribles souffrances.
À Bhopal, nul ne savait exactement de quoi était composé ce gaz qui a fui de l’usine Union Carbide, là où l’on fabriquait un pesticide censé garantir la croissance de l’agriculture indienne. Donc, nul ne saura comment soigner les habitants qui déferlaient dans les hôpitaux ou agonisaient sur les trottoirs. Le secret était bien gardé par la filiale indienne de la multinationale américaine. Secret industriel dira-t-on. Secret mortel, évidemment.
35 ans plus tard, Isabeau de Rouffignac (photographe) et Florence Traullé (journaliste) sont retournées sur les lieux du drame, qui en cache un autre. « Le désastre », comme disent les habitants de Bhopal, c’est certes cette nuit qui a fait basculer toute une ville mais c’est aussi, avant la fuite de décembre 1984, la lente pollution des eaux souterraines, résultat d’années de déchets toxiques déversés sans réelles précautions ; photos en n.b. et en couleurs.
Who knows Bhopal, the Baghdad of India, for its magnificent mosques or its palaces from another age In the collective imagination, Bhopal, since December 1984, has been nothing more than the city of the worst industrial disaster in history . A catastrophe that begins in the silence of a winter night. It doesn’t sound like a toxic cloud escaping from a factory, even if it was installed in the heart of working-class neighborhoods and in the immediate vicinity of slums that provide cheap labor..
Overnight, and over the next few days, tens of thousands of people will die in horrific suffering.
In Bhopal, no one knew exactly what the gas that leaked from the Union Carbide factory, where a pesticide supposedly supposed to ensure the growth of Indian agriculture was made, was made of. So no one will know how to treat the residents who were swarming into hospitals or dying on the sidewalks. The secret was well kept by the Indian subsidiary of the American multinational. Industrial secret it will be said. Deadly secret, of course.
35 years later, Isabeau de Rouffignac and Florence Traullé returned to the scene of the tragedy, which hides another. The disaster, as the inhabitants of Bhopal say, it was certainly that night that rocked an entire city but it was also, before the leak in December 1984, the slow pollution of underground water, the result of years of toxic waste. Dumped without real precautions.